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Violences faites aux femmes : "il est très important que l'entourage parle" dit la procureure de Châteauroux

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C'est la journée internationale d'élimination des violences faites aux femmes. Dans l'Indre, la procureure de Châteauroux, Agnès Auboin, constate une explosion des procédures de violences conjugales l'an passé. Mais la réponse pénale est, elle aussi, beaucoup plus étendue et réactive assure-t-elle.

Agnès Auboin, procureure de la république de Châteauroux - (photo d'archives) Agnès Auboin, procureure de la république de Châteauroux - (photo d'archives)
Agnès Auboin, procureure de la république de Châteauroux - (photo d'archives) © Radio France - Régis Hervé

À l'occasion de la Journée pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes, la procureure de la République du tribunal de Châteauroux était l'invitée de France Bleu Berry ce jeudi pour faire le point sur le phénomène des violences conjugales dans le département. Sur l'année encore en cours, elles sont en forte augmentation par rapport. On peut même parler d'une véritable explosion des signalements.

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Forte augmentation des signalements

"484 procédures ont été établies par la gendarmerie ou la police sur ce contentieux alors que nous en avions reçu 289 en 2020"  précise ainsi Agnès Auboin, soit une augmentation de près de 67%. Mais la procureure estime que cette augmentation n'est probablement pas uniquement due à une augmentation des faits mais aussi à la fin d'une certaine omerta.  

La magistrate y voit un effet de "l'amélioration des conditions d'accueil dans les services d'enquête, puisque les gendarmes et les policiers ont été formés ou sont en cours de formation", ce qui facilite la prise de parole des victimes. Bien sûr, tout n'est pas encore rose. Le tribunal, notamment, souffre d'un manque de moyens humains pour apporter des réponses rapides mais "nous nous mobilisons quels que soient nos moyens" assure Agnès Auboin qui, tout en déplorant la vacance de deux postes de substituts, se réjouit de "l'aide d'une chargée de mission pour les quatre derniers mois de l'année, dont j'espère qu'elle sera renouvelée l'année prochaine." 

Témoigner pour sauver

Mais attention prévient aussi la procureure, pour apporter une réponse, il faut des éléments concrets notamment des preuves médicales de maltraitance, mais aussi des témoignages concordants, d'où l'importance de ne pas rester silencieux devant des faits de violences conjugales. "Il est extrêmement important que les personnes de l'entourage parlent pour que nous ayons des éléments dans la procédure [...] ça me permet, ainsi que mes collègues, de déterminer une réponse pénale" explique Agnès Auboin. 

Le travail de la justice se matérialise en tout cas aussi par une augmentation des comparutions immédiates. En 2020, deux procédures seulement avaient été déclenchées pour des violences conjugales contre douze avant même la fin de l'année 2021. Signe peut-être, là aussi, que la parole se libère même s'il faut rester prudents sur l'analyse de ces chiffres. En tout cas, la procureure estime que la prise en charge et l'accueil des victimes présumées de violences conjugales a considérablement progressé. "Il y a eu de gros efforts faits par les forces de sécurité intérieure" assure-t-elle. 

Un enjeu essentiel car "l_a mise en mots, qu'elle soit vis à vis d'une association d'aide aux victimes, ou vis à vis d'enquêteurs est extrêmement importante_" souligne Agnès Auboin qui précise que les professionnels de justice doivent parfois "se battre" avec les victimes pour pouvoir recueillir les plaintes et des éléments exploitables juridiquement, tant ces victimes cherchent parfois à minimiser les violences de leurs conjoints. 

Extension de mesures de sauvegarde via des dispositifs électroniques 

Avant la condamnation et les sanctions lourdes qui peuvent en découler, il faut penser à mettre la victime présumée à l'abri de son conjoint violent. Là aussi les choses avancent. Le nombre de "Téléphones Grave Danger" (TGD), distribués aux personnes vivant une forte menace et qui bénéficient d'un appel aux secours ultra simplifié, a été doublé passant de quatre à huit. Il y a aussi le bracelet anti-rapprochement, avec géolocalisation du conjoint ou ex-conjoint violent. Un dispositif "plus complexe" rappelle Agnès Auboin puisqu'il nécessite l'accord de la victime, mais aussi la décision d'un juge contrairement au "TGD"  qui relève de l'attribution du parquet.   

Néanmoins, "un B.A.R a été, d'ores et déjà, déployé. Nous avons d'autres procédures à l'étude" explique la magistrate. 

Enfin la création d'un comité départemental , avec une première réunion il y a une dizaine de jours, va permettre de coordonner les différents acteurs de la lutte contre les violences conjugales. "C'est extrêmement important" précise Agnès Auboin.

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