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Visites toujours sous contrôle dans les EHPAD : "Laissez-nous les toucher, les embrasser, le temps est compté"
Avec l'arrivée des variants du Covid-19, les mesures se sont encore durcies dans certaines maisons de retraite. Des distances de trois ou quatre mètres, un test obligatoire avant les visites. Danièle Keller, habitante de Frontignan, se désespère de pouvoir prendre sa maman de 98 ans dans ses bras.

Durant le premier confinement, les familles ont été privées de toutes visites dans les maisons de retraite pendant de longues semaines. Puis en juin, peu à peu les Ehpad ont rouvert leurs portes avec des visites sur rendez-vous et en respectant les gestes barrières et la distanciation sociale. Mais depuis l'arrivée des variants anglais et sud-africains du Coronavirus en France, l'Agence Régionale de Santé, l'ARS a de nouveau durci les règles.
Avant la crise sanitaire, Danièle Keller avait l'habitude de rendre visite à sa maman de 98 ans installée dans un Ehpad de l'Hérault quasiment tous les jours. Aujourd'hui, elle doit prendre rendez-vous, et elle ne peut s'y rendre qu'une ou deux fois par semaine. Elle doit effectuer un test Covid au préalable, et les visites ne durent qu'une demi-heure. "Nous sommes dans une salle commune, sur deux tables différentes avec une distance aussi entre chaque table. Nous ne sommes pas à deux mètres l'une de l'autre, mais plutôt à trois mètres. On ne peut même pas bouger le fauteuil, ni s'approcher, ni rien du tout."
Elle est résignée, mais c'est déchirant quand elle nous demande d'approcher pour nous entendre et qu'on ne peut pas
Difficile dans ces conditions de communiquer avec sa maman qui ne voit plus (atteinte de DLMA) et qui entend très mal. "Comme elle aperçoit des ombres, on lui fait des signes avec la main. On parle assez fort, mais elle entend un mot sur deux. _Comme elle n'entend pas, elle se replie sur elle-même. En un an, je l'ai vu diminuer progressivement__. Elle est résignée. On lui dit "on t'embrasse maman, on est là". Mais c'est déchirant quand on la voit. Parce qu'elle nous demande de nous approcher, elle voudrait nous toucher, nous sentir. Le toucher, c'est tout ce qui lui reste"_
Une vielle dame de 98 ans qui a toute sa tête et parfaitement compris la situation, ce qui ne l'empêche pas de se mettre parfois en colère "Elle a toujours été très, très gentille et très polie. Mais là, elle se lâche vraiment. Il lui arrive de dire des grossièretés par rapport à ce virus qui nous empêche de communiquer et de nous voir souvent."
Une fois qu'elle a été vaccinée, on s'est dit qu'on allait enfin pouvoir l'approcher
La situation devient d'autant plus difficile et incompréhensible que Jeanne a été vaccinée en janvier, elle a reçu les deux injections. "On s'est dit qu'on allait enfin pourvoir l'approcher un peu plus avec tous les moyens de protection évidemment, le masque, le gel etc... puisque les soignants la toucher pourquoi pas les enfants ? "
Le temps est compté, à 98 ans, on ne sait pas si elle sera encore là le mois prochain
Danielle Keller a tenté, en vain, d'obtenir un assouplissement du protocole sanitaire auprès de la maison de retraite. "Ils nous disent qu'ils respectent les instructions de l'ARS et qu'ils ne peuvent pas faire plus. Aujourd'hui, il n'y a eu aucun cas de coronavirus dans cette maison de retraite, c'est sans doute grâce aux dispositions qu'ils ont prises. Mais il faut qu'ils comprennent que nos parents sont en fin de vie, que ça leur manque énormément de nous toucher, de nous embrasser. Que _même les soins qui leur sont donnés ne suffisent pas__. Le temps est compté parce que à 98 ans, on ne sait pas si elle sera encore là le mois prochain." _