Angoulême, "gare morte" ce vendredi
Aucun train ce vendredi en gare d'Angoulême. Conséquence d'une grève très suivie lancée par la CGT, et qui concerne tous les services. Cette opération "gare morte" vise à interpeller le grand public des bouleversements en cours dans l'entreprise ferroviaire.

"J'ai demandé à mes enfants de manifester leurs colères, leurs angoisses..." Dans le tract distribué ces derniers jours par la CGT cheminots d'Angoulême, c'est la gare elle-même qui s'adresse aux usagers. Une gare dont les cheminots sont les enfants. Des cheminots invités à faire grève en ce vendredi, pour présenter "ce que je pourrais devenir très rapidement, une dépouille mangée par des automates, rongée par l'appétit féroce de décisions politiques dévastatrices, bref une gare morte."
Cette opération "gare morte" est visiblement très suivie, puisqu'aucun train ne s'arrêtera ni ne partira d'Angoulême toute la journée. La direction a mis en place un service d'autocars de substitution. Quant aux cheminots, ils iront à la rencontre des passants pour leur expliquer leur "profond mal-être" comme le décrit Jacky Wallard, secrétaire de la CGT cheminots d'Angoulême. Le syndicat a lancé cinq préavis de grève, pour couvrir tous les services : les "roulants" (conducteurs, contrôleurs), les personnels de maintenance, ceux chargés de l'aiguillage des trains, les guichetiers et le personnel d'escale.
Des gares transformées en centres commerciaux
Pour Jacky Wallard, le spectre c'est bien que la gare d'Angoulême soit à terme vidée de ses agents. "On dénonce les directives qui peu à peu transforment les gares en centres commerciaux, précise le responsable syndical. A Angoulême, on ne voudrait pas que les personnes viennent en gare juste pour acheter des chips ou des sacs à main. On veut conserver toutes nos missions de service public." Particulièrement menacés, les agents au guichet : "de restructuration en restructuration, les horaires d'ouverture se réduisent comme peau de chagrin, et on perd des personnels chaque année" regrette Jacky Wallard.
Le débat sur la sécurité s'invite également à Angoulême, quelques jours après le spectaculaire droit de retrait exercé par des milliers de cheminots. "A la CGT, on milite pour une sécurité à 100%, sans aucun écart et aucun permission de réduire la sécurité pour des raisons économiques, affirme Jacky Wallard. On ne peut pas concevoir un train qui circule sans au moins deux agents", et donc un contrôleur à même de seconder le conducteur en cas d'accident. Le dernier accident dans notre région c'était ce jeudi matin entre Saintes et Royan.