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Autoroute A45 entre Saint-Étienne et Lyon : cinq questions pour tout comprendre
Ce mercredi, France Bleu Saint-Étienne Loire organise un grand débat sur l'A45, en partenariat avec La Tribune-Le Progrès, pour répondre à toutes vos questions : combien coûterait ce projet de 45 kilomètres ? Qui le financera ? Où passerait cette autoroute ? Qui est pour ? Contre ? Et pourquoi ?

L’A45 est un projet d'autoroute de 45 kilomètres qui relierait Saint-Étienne à Lyon, ou plus précisément La Fouillouse, dans la Loire, à Brignais, dans le Rhône. L'objectif serait de soulager l'actuelle A47 en termes de trafic et de densité quotidienne de véhicules.
À défaut d’avoir un présent, l’A45 a déjà un passé chargé. Dès 1935, la Société des autostrades françaises présente aux pouvoirs publics un projet entre Saint-Étienne et Lyon. Mais il ne verra jamais le jour. Alors, dans les années 50, la RN 88 entre Saint-Étienne et Saint-Chamond est la mise à 2x2 voies. Puis, dans les années 60, s’amorce une autoroute entre Saint-Chamond et Rive-de-Gier. Elle traverse Saint-Chamond comme l’avait souhaité le maire de l’époque Antoine Pinay. Dans les années 70, le tronçon Rive-de-Gier / Givors sera construit. Mais on s’aperçoit très vite que ce semblant d’autoroute, nommé A47, sera vite saturé et qu’au moindre accident tout se fige .
Face à cette situation, en 1993, se pose sérieusement la question du doublement de l’A47. Nait donc l’idée de l’A45. Les années 90 voient le lancement de différentes études pour aboutir, en février 1999, sur le fuseau des 1.000 mètres. Le fuseau des 300 mètres est lui arrêté en janvier 2004. L’enquête publique est lancée fin 2006 et ses conclusions rendues six mois plus tard. Enfin, le décret de la déclaration d’utilité publique est paru au journal officiel le 20 juillet 2008. Depuis, opposants et partisans avancent leurs arguments. Et deux présidents de la République, Nicolas Sarkozy en septembre 2011 et François Hollande en octobre 2013 , se sont prononcés en faveur de l’A45... sans succès.
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De Saint-Étienne à Lyon, l'A45 comporterait quinze ouvrages d’art : 11 viaducs et 4 tunnels. Ces derniers se situeraient sous la commune de La Tour-en-Jarez (1 km), puis sur la commune de Saint-Chamond, entre les lieux-dits Farnière et Lavoué (500 m). Le troisième tunnel serait le plus long avec 1,5 km sous la commune de Cellieu (lieu de notre grand débat ce mercredi ndlr ). Le quatrième tunnel de 500 m sera percé dans le Rhône, juste avant de rejoindre l’actuelle A450.
Sur le tracé, plusieurs points noirs sont ciblés. Tout d’abord la commune de La Talaudière traversée par l’A45 dans un secteur très urbanisé, entre notamment une zone industrielle et des lotissements. On parle de construire dans ces zones un mur anti-bruit de 2 km de long et de 5 mètres de haut. Vient ensuite le passage dans les Coteaux-du-Jarez, ce qui supprimerait plusieurs vergers. Et l’autoroute arrive ensuite à Saint-Martin-la-Plaine et passe à 500 mètres du célèbre zoo de cette commune . Puis l’A45 débouche dans le Rhône pour venir se raccorder sur l’autoroute A450 à Brignais qui rejoint l’A7 à Pierre Bénite. Un secteur bien embouteillé aux heures de pointes. Cette arrivée de l’A45 dans ce secteur n’est pas du tout du goût des élus de la métropole de Lyon.
Le coût global de la construction de ce tronçon de 45 kilomètres d'autoroute est estimé à 1,2 milliard d'euros, partagé en trois tiers entre l’État, le concessionnaire (Vinci) et les collectivités locales. Ces collectivités doivent donc trouver 422 millions d'euros . Jusqu'à novembre dernier, seuls Saint-Étienne Métropole et le Conseil Départemental de la Loire s'étaient engagés à financer. Jean-Jack Queyranne, le président de l'époque de la région Rhône-Alpes, ayant toujours refusé d'inclure l'A45 dans son budget. Mais lors de la campagne des élections régionales, Laurent Wauquiez s’était engagé à un financement participatif de l’A45 "à hauteur du département et de la Métropole", soit ... 140 millions d'euros.
Las, une fois élu, le nouveau président d'Auvergne-Rhône-Alpes a réaffirmé à plusieurs reprises ne s'engager "que" sur 100 millions d'euros. Et coup de tonnerre le 1er avril dernier, Laurent Wauquiez a conditionné son financement aux conclusions d'une nouvelle étude sur une éventuelle requalification de l'A47.
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Dans la Loire, Pascal Garrido, le maire de La Talaudière, est l'un des principaux opposants à ce projet "ridicule" selon lui et qui couperait sa commune en deux. Il est rejoint par un "Collectif de sauvegarde des Coteaux-du-Jarez ", autre lieu de passage de ce projet d'autoroute, supprimant plusieurs vergers. Ces habitants soutiennent plutôt un projet d’élargissement de l'actuelle autoroute A47 et un renforcement du trafic SNCF pour fluidifier la circulation difficile sur cet axe en incitant les automobilistes à laisser leurs voitures.
Un médecin ligérien, Yves Morand, également maire de l'Étrat, s'est également opposé à la construction de l'A45, un "crime", pour lui. Il explique que vivre à proximité d'une autoroute revient à multiplier les risques de développer de l'asthme, une leucémie, une fausse-couche...
Plus surprenant, le département du Rhône est aussi vent debout contre l'A45 . Le président du département du Rhône a décidé de se battre pour l'enterrer. Christophe Guilloteau (LR , comme Laurent Wauquiez) parle de "funeste projet" qui va "foutre en l'air (...) le plateau mornantais" et il ajoutait, en septembre dernie,r que le département du Rhône utiliserait "tous les moyens légaux de recours" pour l’empêcher.
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Ce projet d'autoroute permettrait, selon ses défenseurs, de désenclaver économiquement la Loire en favorisant le trafic et donc en attirant les entreprises. La circulation sur l'A47, longue et étroite, est difficile chaque matin vers et en arrivant de Lyon. Il faut donc rassurer les investisseurs et attirer les chefs d'entreprises.
L'autre argument majeur des partisans de l'A45 : la sécurité. Il faudrait construire une nouvelle autoroute pour relier Saint-Étienne à Lyon notamment parce que l'A47 serait dangereuse . Or, d'après nos analyses, l'A47 ne serait pas plus accidentogène qu'un autre axe autoroutier. Cependant, l'étroitesse et la limitation à deux voies, l'absence presque totale de bande d'arrêt d'urgence sont des problèmes réels en cas d’accident. L'impossibilité de dégager la route facilement rend tout de suite les embouteillages.... impressionnants.
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Pour vous faire votre avis, rendez-vous ce mercredi soir en direct sur France Bleu pour notre grand débat public sur l'A45.
À écouter sur 97.1 à Saint-Étienne, 100.2 à Roanne et 101.1 au Puy-en-Velay et à retrouver en compte-rendu complet dans les éditions de La Tribune-Le Progrès du 7 avril.
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