Gironde : le département va expérimenter les voies réservées au covoiturage
lundi 17 septembre 2018 à 15:33 - Mis à jour le lundi 17 septembre 2018 à 17:35
D'ici 2024, le Conseil départemental de Gironde va aménager des voies réservées au covoiturage et aux transports en commun, sur trois portions de départementales très fréquentées : la RD 113, à Latresne, la RD 106, à Saint-Jean d'Illac, et la future déviation de Fargues-Saint-Hilaire.

Bordeaux, France
Le département veut donner l'exemple : à l'occasion de la semaine de la mobilité, le Conseil départemental de Gironde annonce la création d'ici trois ans de voies réservées au covoiturage et aux transports en commun sur trois tronçons de routes départementales très fréquentées, situées aux abords de la Métropole bordelaise.
Il s'agit de la RD 113 entre Latresne et Bouliac, de la RD 106 entre Saint Jean d'Illac et Mérignac, et de la RD 936, autrement dit la future déviation de Fargues Saint Hilaire, trois portions de route de quatre kilomètres chacune, saturées aux heures de pointe le matin et le soir, et où circulent en moyenne entre 25.000 et 35.000 véhicules par jour. L'objectif est évidemment de trouver des solutions concrètes pour sortir des bouchons quotidiens.
Sur ces trois axes, la circulation est de plus en plus difficile : entre Saint Jean d'Illac et Mérignac, les services du département dénombrent trois à quatre heures d'encombrement le matin, autant le soir ; trois heures le matin, et autant le soir entre Latresne et Bouliac ; enfin, deux heures le matin entre Tresses et Fargues Saint Hilaire, et des ralentissements ponctuels le soir.
"Nous avons en juin dernier interrogé les usagers de ces trois axes, explique Benoît Brunet, le directeur adjoint des infrastructures au Conseil départemental, nous sous sommes alors rendus compte que 85 à 90% d'entre eux voyageaient seuls dans leur voiture, et ils sont 45% à faire toujours le même trajet. Ce sont deux aspects favorables au covoiturage." "L'idée est simple, poursuit Anne-Laure Fabre-Nadler, la vice-présidente en charge de la mobilité, et conseillère départementale du canton de Créon. Dès que vous êtes deux dans un véhicule, vous pouvez emprunter cette voie dédiée, et certains matins et certains soirs, cela représentera un gain de temps non négligeable".
Nous disons à l'Etat, qui en matière de mobilité, veut tenter des expérimentations : chiche, on est partant. — Anne-Laure Fabre-Nadler, vice-président du département en charge de la mobilité
"Il n'est plus question d'attendre les autres, la Gironde doit agir" Anne-Laure Fabre-Nadler, vice-présidente chargée de la mobilité
Il s'agirait là d'une expérimentation unique en France pour des routes départementales. Le seul exemple qui existe pour le moment en Gironde comme dans le reste du pays, ce sont les 1200 m de route aménagés aux abords de l'usine Thalès, à Mérignac, sous l'égide de Bordeaux-Métropole. Et pour lancer cette expérimentation, le ministère des Transports doit donner son feu vert, car " le code de la route ne permet pas en l'état de réserver des voies au covoiturage, précise Benoît Brunet. Il faut donc avoir les autorisations nécessaires pour homologuer des signalisations spécifiques".
Des aménagements terminés d'ici la fin 2021
Le chantier de la déviation de Fargues-Saint-Hilaire va coûter 13 millions d'euros, débuter au mois d'octobre, pour une livraison fin 2020, alors que les travaux d'aménagement à Latresne et Saint-Jean d'Illac, d'un coût de 12 millions d'euros, devraient commencer dans 18 mois, et être livrés au plus tard à la fin 2021. Les automobilistes devront donc patienter, mais pour les élus locaux présents à cette présentation, le jeu en vaut la chandelle. "Plus ça va, et plus il y a d'embouteillages, témoigne par exemple Jean-Philippe Guillemot, le maire de Camblanes-et-Meynac, près de Latresne. Du coup, nos routes secondaires sont elles aussi de plus en plus fréquentées. Nous sommes sans arrêt sollicités par nos administrés, qui nous disent : que faites-vous, que pouvez-vous faire pour améliorer la circulation ? Là, c'est une solution parmi d'autres pour tenter de fluidifier le trafic entre nos communes et l'agglomération bordelaise".
"Il y a une vraie urgence à fluidifier le trafic"
Sauf qu'il va falloir aussi convaincre les automobilistes de se mettre au covoiturage. L'enquête du département montre que sept automobilistes sur dix ne se disent pas prêts pour faire évoluer leurs habitudes. Pas de souci, pour Anne-Laure Fabre-Nadler : "quand ils verront les voitures passer plus vite sur les voies réservées , ils changeront vite d'avis."