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Etude régionale sur la gratuité des transports en commun en Ile-de-France : les experts disent non

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L'étude commandée par Valérie Pécresse sur la faisabilité de la gratuité des transports en commun en Ile-de-France a livré ses conclusions ce mardi. Les huit experts indépendants estiment que cette mesure ne peut être une solution viable en région parisienne.

Le rapport ouvre la voie à une nouvelle augmentation tarifaire.
Le rapport ouvre la voie à une nouvelle augmentation tarifaire. © Maxppp - Leon Tanguy

La gratuité des transports en commun en Ile-de-France "ne semble pas souhaitable". C'est la principale conclusion du comité de huit experts chargé par Valérie Pécresse de réfléchir à la question au printemps dernier, "sans parti pris ni préjugé". En six mois, le groupe présidé par l'ancien président de SNCF Réseau Jacques Rapoport a auditionné une trentaine d'acteurs de tous horizons (élus, opérateurs de transport, associations, chercheurs...). Le rapport d'une centaine de pages a été dévoilé ce mardi au siège d'Ile-de-France Mobilités. Il conforte totalement sa présidente Valérie Pécresse, qui n'a jamais caché son opposition de principe aux transports gratuits : "les travaux du comité prouvent que la gratuité serait une impasse, et ne résoudrait pas le problème de la pollution de l'air."

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Un report modal quasi nul

Les sages ont en effet évalué à seulement 2% la baisse du trafic routier si les transports publics étaient gratuits. Autrement dit, l'immense majorité des automobilistes n'abandonneraient pas leur véhicule. "S'ils prennent leur voiture, ce n'est pas parce que les transports en commun sont trop chers, mais parce qu'ils sont saturés et vétustes" explique Valérie Pécresse. D'après les sages, la gratuité entraînerait une augmentation de la fréquentation des transports de 6 à 10%, essentiellement au détriment de la marche à pied et du vélo. Pas franchement le but recherché.

Mais la question fondamentale reste celle du financement. En supprimant 2,5 milliards d'euros de recettes, il faudrait augmenter les impôts de 500 euros par an et par ménage francilien. Sans parler des investissements supplémentaires pour faire face à la hausse de fréquentation. Une charge bien trop lourde à supporter pour la collectivité. Aucun mode de financement alternatif ne paraît viable, selon les experts. Qui rappellent que le coût de fonctionnement du système de transport francilien dépasse les 10 milliards d'euros annuels

La tarification est jugée "trop faible"

Sur la politique tarifaire, le rapport Rapoport semble ouvrir la voie à une nouvelle hausse du passe Navigo. Si plusieurs experts préconisaient une hausse tarifaire de l'ordre de 5% par an, l'idée n'a semble-t-il pas fait l'unanimité au sein du comité. Le rapport final se veut plus prudent sur ce sujet sensible : il se contente d'évoquer la nécessité de "renforcer le signal prix". Car la faiblesse des tarifs est jugée responsable de la saturation du réseau de transports, et donc de l'explosion des coûts supportés par la collectivité. 

Le président de la FNAUT Ile-de-France Marc Pélissier, l'un des membres du comité d'experts, ne se fait pas d'illusion : "on n'est pas naïfs, on sait bien qu'il y aura _une hausse en 2019__, mais par contre il faudra qu'elle soit juste"_. La présidente d'Ile-de-France Mobilités fera "tout pour que l'augmentation soit la plus faible possible" et rappelle qu'elle a gelé les tarifs cette année, et obtenu l'indemnisation des clients de la SNCF pour la grève du printemps.

Enfin, le texte préconise d'introduire, à terme, une tarification à l'usage c'est à dire de moduler le prix en fonction de la distance parcourue et du moment de la journée (pour inciter à ne pas voyager en heures de pointe). Une évolution qui pourrait remettre en cause le dézonage du passe Navigo, introduit en 2015 par la majorité socialiste de Jean-Paul Huchon. "Ce n'est pas d'actualité" assure Valérie Pécresse, qui se targue au contraire d'avoir "sauvé" le passe Navigo unique.

Anne Hidalgo veut ouvrir le débat

En révélant ce rapport, la région Ile-de-France prend de court la ville de Paris, qui avait été la première à lancer son étude sur la gratuité des transports, en mars dernier. Les groupes de chercheurs mandatés par Anne Hidalgo rendront leurs premières conclusions le vendredi 12 octobre. Le débat n'est pas encore clos.

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