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Grenoble récompensée : "Il ne faut pas moins de vélo pour limiter les conflits mais mieux de vélo !"
La Fédération des usagers de la bicyclette (FUB) remet ce mercredi un trophée à la Métropole de Grenoble dans le cadre du baromètre des villes cyclables. Olivier Schneider, président de la Fédération est l’invité de France Bleu Isère.

France Bleu Isère : en quoi la métropole de Grenoble se distingue-t-elle en matière de vélo ?
Olivier Schneider, président de la Fédération des usagers de la bicyclette : 180.000 personnes ont répondu à notre grande enquête dans toute la France, dont 3.300 à Grenoble : ce sont ces personnes qui ont placé Grenoble en tête. C'est vrai que les politiques cyclables de Grenoble sont anciennes -je crois que la première piste cyclable date des Jeux olympiques- alors que bien d'autres villes ont découvert le vélo plus récemment. C’est le fait de fournir un système de pistes cyclables, et pas uniquement des pistes cyclables éparpillées à droite à gauche, qui est plébiscité par les Grenobloises et les Grenoblois.
Vous êtes venu à vélo. Qu’est-ce qu'il y a de particulier à Grenoble ?
On voit qu'il y a beaucoup de cyclistes par rapport à d'autres villes; j’ai la chance de circuler un peu partout en France…
Avec votre vélo pliant ?
Oui on peut le combiner avec le train quand la SNCF est d'accord ! Et donc en effet on voit beaucoup de gens, plutôt souriants, et même s'il y a toujours des marges d'amélioration sur la qualité, sur la géométrie de certaines pistes cyclables, on voit que ça crée un début de réseau : où que je sois au sein de la Métro je peux trouver un itinéraire raisonnable pour rejoindre ma destination, et ça ce n'est pas encore le cas partout en France.
C’est important l’idée de réseau ?
Ce qu'il faut c'est un « système vélo » avec tout un tas de services et d'infrastructures pour circuler, pour stationner, pour pouvoir bénéficier d'une réparation, pour pouvoir apprendre à faire du vélo… mais tant qu'on n’a pas de pistes cyclables, ça ne sert à rien de rajouter des services. En effet Grenoble est très en avance, à peu près ex æquo avec Strasbourg sur ces infrastructures de circulation.
Un nouveau moyen de transport a fait son apparition, c’est la trottinette électrique en libre-service. Se pose la question de la cohabitation des trottinettes électriques avec les skateboards, les vélos…
Le code de la route a évolué récemment parce que ces véhicules sont tout à fait nouveaux. En milieu urbain la place de ces engins de déplacement personnel, c'est le même endroit que le vélo, c'est-à-dire jamais sur le trottoir : sur la piste cyclable quand il y a une piste cyclable, ou sur la chaussée quand il n'y a pas de piste cyclable.
En effet il faut avant tout respecter le piéton. J'étais hier soir à une conférence sur le thème « vélo et santé » : la trottinette électrique ne demande aucun effort et donc tout le bienfait (…) qu’on a grâce au vélo, hé bien la trottinette n'y répond absolument pas. Mai c'est vrai que ça prend moins de place que la voiture en circulation et en stationnement.
Autre piste d’amélioration : ce sont les cyclistes eux-mêmes! Ils sont souvent mal éclairés et ne respectent pas forcément les feu. Comment améliorer ces comportements ?
A la FUB (Fédération des usagers de la bicyclette, ndlr) nous militons depuis des années pour un apprentissage précoce et généralisé de la mobilité à vélo afin de donner les bons réflexes : respecter les piétons, respecter les feux, etc. Il y a aussi des cas où un petit panneau permet aux cyclistes de passer… on croit que les cyclistes grillent le feu mais non! On se fait parfois insulter par méconnaissance du code de la route, ce qui est la faute des pouvoirs publics qui n'ont pas suffisamment communiqué au niveau national. Ce n’est ni aux collectivités ni encore moins aux associations d'usagers d'expliquer le code de la route aux automobilistes qui ont souvent passé le permis bien avant la création de ces dispositions… Il faut commencer par là : systématiser auprès des écoles primaires l'apprentissage du vélo. Le programme gouvernemental « savoir rouler » qui existe depuis 2 ans et demi est sous-financé et il n'est pas suffisamment déployé… Il faut discipliner les cyclistes en leur apprenant à la fois le respect du code de la route et le savoir-être. Le plus important c'est la bienveillance entre les usagers; c’est capter le regard de l'autre usager, qu'il soit piéton, cycliste, automobiliste… et qu'on se comprenne. Après les règles sont là pour faciliter cette négociation permanente qu'on a dans la circulation, mais au-delà du respect strict de la règle, c'est surtout une bienveillance envers les autres qu’il faut avoir. Développer une capacité d’empathie, se mettre à la place des autres.
Après le confinement il y a eu un boom sur le vélo. On a créé des pistes cyclables temporaires. Par exemple sur les quais de Grenoble ces pistes ont pris la place des voitures, cela ça crée des bouchons et ça a aussi attisé cette tension entre automobilistes et cyclistes…
On ne peut pas faire autrement que de prendre de la place à la voiture si on veut créer des conditions de circulation pour les cyclistes. Une fois que l'on a créé des itinéraires vraiment continus, on a énormément d'anciens automobilistes qui deviennent cyclistes et donc finalement ça libère de la place pour celles et ceux qui ont vraiment besoin de leur voiture. En effet cela peut créer une impression de bouchon mais généralement ça se résorbe en quelques mois. J'ai appris qu'une des pistes « tempo vélo » a été démontée à Saint-Martin-d’Hères, ce que je regrette. Au niveau national, sur les 1000 km d'aménagements de transition qui ont été réalisés, dans certaines villes 95% voire 100 % on été maintenus. J’espère que ce sera le cas ici. Il ne faut pas moins de vélo pour limiter les conflits, il faut mieux de vélo !