Grève à la Penn ar Bed : les habitants de Ouessant et Molène hésitent entre soutien et colère
Pas facile d'aller passer Noël sur les îles de Molène et Ouessant. Les liaisons maritimes avec le continent sont réduites au minimum en raison d'une nouvelle grève à la compagnie Penn ar Bed. Le personnel se mobilise pour défendre sa gare maritime contre le projet de Centre national des phares.
Puisque la grève du 19 au 21 décembre n'a pas eu d'effet, les salariés de la Penn ar Bed ont remis ça, du 22 au 24 décembre. Un mouvement très suivi par toutes les catégories de personnel, même si un service minimum est assuré : une rotation unique, avec aller-retour immédiat entre Brest, Le Conquet, Molène et Ouessant. L'absence de liaison l'après-midi de ce jeudi 24 décembre est particulièrement pénalisante pour ceux travaillant sur le continent et souhaitant réveillonner sur les îles. Plusieurs Ouessantins ont d'ailleurs exprimé leur colère sur les réseaux sociaux.
Ceux qui travaillent le 24 ne peuvent pas rejoindre leur famille le soir
ECOUTEZ Julien, un Ouessantin excédé par cette grève à la veille de Noël
Des perturbations affectent aussi le transport des marchandises, limité aux produits frais, à la Poste et aux urgences. L'accueil de la gare maritime de Brest est fermé, comme la permanence téléphonique et l'ensemble des services de la compagnie. Les salariés de la compagnie maritime protestent contre le projet de Centre national des phares, qui réduira notamment l'espace dédié au stockage.
Solidaires du mouvement
"C'est vrai que c'est un peu plus compliqué pour se déplacer, estime Marjorie, originaire de Molène, qui a dû s'organiser mercredi pour prendre le seul bateau de la journée afin de rentrer chez elle à Landerneau. On est vraiment dépendant des navettes, c'est très important pour nous. Mais on est très solidaire du mouvement."
Une position que partagent beaucoup d'insulaires. Le maire de l'île d'Ouessant Denis Palluel s'est même personnellement impliqué pour soutenir les revendications de la Penn ar Bed. Son courrier adressé au conseil départemental du Finistère il y a deux semaines n'a encore reçu aucune réponse.
Cette gare maritime n'était déjà pas à la hauteur, les conditions vont encore se dégrader
ECOUTEZ Denis Palluel, le maire d'Ouessant
Déjà à l'étroit au bout de l'éperon n°1 du port de commerce, la Penn ar Bed redoute de voir les emprises actuelles de la gare maritime dévorées par l'ambitieux musée départemental, dont l'ouverture est prévue dans deux ans. Pour Philippe Gélébart, mécanicien et représentant du personnel, "leur truc de musée c'est bien mais faut penser à nous et au stockage des Ouessantins. On fait grève pour savoir avec qui on discute, soit le département, la région ou Brest Métropole. On ne sait pas et personne nous répond. Tout le monde s'en fout, mais nous on n'a pas envie de se retrouver sans rien."