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"J'ai tapé" : un conducteur de trains raconte un accident de personne

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On en déplore plus d'un chaque jour en France, les accidents de personne : dans le vocabulaire de la SNCF cela correspond aux accidents ou aux suicides. Une hantise pour les conducteurs de trains. Témoignage de l'un d'eux.

Les accidents de personne sont la hantise des conducteurs de trains
Les accidents de personne sont la hantise des conducteurs de trains © Maxppp - Darek Szuster

Olivier Dépoulain a conduit des trains pendant plus de 20 ans sur les lignes du Nord-Pas-de-Calais. Et comme beaucoup de ses collègues, il a été confronté à un accident de personne. Par prudence, il ne souhaite pas donner les détails, mais se souvient parfaitement des circonstances de ce drame qui date des années 90 : "Je conduis mon train, nous sommes dans une ligne droite et là je vois une voiture qui emprunte un passage à niveau alors que les barrières sont abaissées. J'ai le temps de siffler, de faire ralentir mon train, mais c'est trop tard. Même à 90 km/h il faut plus de 600 mètres pour s'arrêter".

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"J'ai encore les images dans ma tête"

Le choc est inévitable, et dans la voiture plusieurs occupants ne survivront pas à l'accident. "J'ai encore les images dans ma tête, confie Olivier Dépoulain. Je vois encore tout, mais ce dont je me souviens le mieux c'est le bruit du choc. Car notre cabine n'est pas insonorisé. Et aujourd'hui quand j'entends un bruit similaire ça me perturbe encore". Le nordiste se souvient encore des minutes qui ont suivi : l'arrêt du train, l'application des procédures de sécurité, l'alerte des secours et puis la descente sur la voie pour voir s'il y a des survivants dans la voiture.

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Ensuite, et comme à chaque accident de personne, les secours, les enquêteurs, la hiérarchie, le médecin légiste arrivent. "Nous sommes interrogés par les enquêteurs, on doit aussi se soumettre à un contrôle d'alcoolémie", se souvient le conducteur qui n'est évidemment pas reparti aux commandes de son train. "C'est la procédure, à chaque fois un collègue vient nous relever. Je ne me serai pas senti de repartir. Car même si on est encore dans l'adrénaline de l'accident, on peut tout à fait craquer en repartant aux commandes de sa machine".

Olivier Dépoulain, qui est également représentant du syndicat de conducteurs FGAAC CFDT salue l'accompagnement par la SNCF des conducteurs concernés par un tel drame. Les personnels sont reçus par leur hiérarchie, par la médecine du travail qui décidera si le conducteur est apte à retourner aux commandes d'un train. Et depuis 1993 la SNCF propose une assistance psychologique disponible 24h/24. "Mais ça n'empêche pas que certains de mes collègues confrontés à un accident de personne n'ont jamais pu retourner aux commandes d'un train. Ils ont été trop marqués, ils craignaient que ça leur arrive à nouveau" confie Olivier Dépoulain, qui lui est retourné au travail une semaine après l'accident.

"Des collègues n'ont plus jamais conduit après"

En 2016, 31 personnes sont mortes lors d'accidents à un passage à niveau. Alors Olivier Dépoulain conclut avec un message de prudence "Il faut être très vigilant avec le ferroviaire, c'est extrêmement dangereux. Il ne faut pas chercher à gagner quelques secondes ou quelques minutes en traversant des rails ou en forçant un passage à niveau"'

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