Jean Rottner : le quotidien des usagers frontaliers du train est "insupportable"
En visite sur le site du futur grand centre de maintenance des TER du sillon lorrain à Montigny-les-Metz, le président du Grand Est a évoqué la situation cahotique des voyageurs frontaliers, le dossier épineux de l'ERTMS et les investissements de la région pour améliorer les transports.

La matinée des usagers frontaliers du TER avait un goût de déjà (trop) vu... La panne d'un engin de chantier entre Thionville et Luxembourg a nécessité la suspension du trafic et la suppression de 9 trains aux heures de pointe.
Problèmes immédiats, solutions à long terme
Une situation "insupportable" au quotidien a fustigé Jean Rottner lors d'une visite à Montigny-les-Metz, sur le site du futur grand centre de maintenance des TER de la ligne Nancy-Metz-Thionville-Luxembourg (voir par ailleurs). Le président de la région Grand Est n'ignore rien de l'exaspération des voyageurs, régulièrement confrontés à des pannes, incidents ou accidents en tout genre. "Il faut trouver le chat noir sur cette ligne" glisse Jean Rottner qui rappelle, plus sérieusement, la SNCF à ses responsabilités. "C'est insupportable quand la SNCF décide des horaires d'été sans négociation avec la région et les associations d'usagers, insupportable quand des unités multiples sont redirigées vers des unités simples sans explication. Ce sont des modalités de travail qui ne me conviennent plus."

A ses côtés, Stéphanie Dommange dit comprendre cette exigence. La directrice régionale des TER Grand Est l'admet, "oui, nous devons nous améliorer et nous faisons tout pour nous améliorer", rappelant les progrès de ces dernières années notamment en matière de coopération avec les CFL. Avec l'augmentation de la cadence des trains et l'achat de nouvelles rames à la région Normandie, le Grand Est estime faire le nécessaire en matière d'équipements. Pour autant, Jean Rottner fait l'éloge de la patience. "Il faut tenir un discours de vérité : la situation ne va pas s'améliorer du jour au lendemain, c'est impossible !"
L'ERTMS pas totalement prêt au 1er janvier 2020
Quant à l'équipement de toutes les rames avec le nouveau système de sécurité européen ERTMS, indispensable pour pouvoir passer au Luxembourg à compter du 1er janvier prochain (décidé à la suite de l'accident mortel de Dudelange en février 2014), le calendrier ne varie pas : la France sera en retard d'au moins six mois. 4 rames sont équipées, 12 le seront en janvier, et la totalité du parc ne devrait l'être qu'en juin. A moins d'un improbable délai supplémentaire accordé par le Grand Duché. "Il y a encore, à travers le gouvernement français, une possibilité de travailler et de peser sur cette décision" veut croire Jean Rottner. En attendant, un plan de transport adapté sera mis en place avec parfois des changements de trains imposés à Thionville. Mais Stéphanie Dommange veut assurer que "la capacité d'emport sera préservée et des temps de parcours les plus optimisés possibles."
Il y a encore, à travers le gouvernement français, une possibilité de travailler et de peser sur cette décision
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Montigny-les-Metz : futur centre névralgique de la ligne des frontaliers
C'est le lieux où tous les trains de la ligne Metz/Thionville/Luxembourg seront entretenus et réparés. La région Grand Est et la SNCF ont présenté le projet de futur grand centre de maintenance des TER à Montigny-Les-Metz. Il s'installera à la place d'anciens ateliers de la SNCF qui ne fonctionnent plus depuis 2013. Ce centre ultra moderne de 5000 à 6000m2 sera opérationnel en 2024. C'est la région Grand Est qui réglera la facture de 90 millions d'euros. Particularité de ces ateliers, ils seront en capacité de prendre en charge des rames de plus de 110 mètres en une seule fois. "Cela évitera les mouvements parasites, accrocher et décrocher des voitures. Nous allons gagner en terme de rapidité et d'efficacité de la maintenance et donc des trains qui circulent plus vite et plus souvent" explique Stéphanie Dommange. Une cinquantaine de personnes y travailleront. La création de ce centre permettra de soulager celui de Metz Sablon déjà très sollicité.

