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Quelle place pour le piéton à Grenoble ? Une étude en ligne la juge sévèrement, la ville répond
L'association 60 millions de piétons avait lancé une grande étude en ligne sur les villes "marchables". Les correspondants grenoblois de cette structure dévoilent les résultats pour Grenoble. Où l'on découvre une situation contrastée, mais la ville se dit à l'écoute et très attentive aux piétons.

La question pourrait sembler anodine, peut-on marcher sans problème dans sa ville ? L'association nationale 60 millions de piétons a pourtant voulu en avoir le cœur net, et a donc proposé un vaste questionnaire en ligne auquel plus de 40.000 personnes ont répondu au plan national, dont 611 pour le périmètre de la commune de Grenoble. Et les résultats sont tout à fait intéressants, dans le détail.
Un mot d'abord de la méthode : ce "baromètre des villes marchables", seul les gens motivés et qui l'ont vu s'en sont saisis. Il faut donc le prendre pour ce qu'il est, et un questionnaire en ligne, c'est une méthode toujours sujette à caution, vous trouverez d'ailleurs ici un document permettant de se faire une idée du travail réalisé. Précisons d'emblée les répondants qui se déclarent en majorité "piéton" dans leurs déplacements sont la majorité, 49%, à s'exprimer.
Grenoble : peut mieux faire
La ville de Grenoble obtient la moyenne sur 20, avec la note de 10,26. En somme, la vile est reçue, mais sans mention. A l'image du diagnostic national de l'association "Globalement, il ressort largement que nos villes sont peu marchables, qu’elles font peu de choses pour y remédier et que « se déplacer à pied » se complexifie". Un constat qui peut sembler sévère de prime abord et qui bien sûr cache des disparités selon le villes, leurs tailles et les problématiques spécifiques.
Le piéton, en danger ?
Parmi les problèmes qui reviennent, le principal est la mise en danger du piéton. Même si les chiffres de l'accidentologie ne montrent pas de choses hors-normes à Grenoble, il y a le fameux "ressenti". Cette fois où vous vous êtes fait frôler par un vélo, où une trottinette excessivement rapide vous taille un short sur un trottoir alors que vous sortez d'un magasin, le secteur piétonnier où tous les modes de déplacements dits "doux" se retrouvent en même temps, sans séparation des trafics.
Tout cela, c'est un ressenti négatif qui se matérialise dans la note globale pour Grenoble sur le ressenti : 9,66 et sur le confort : 9,73. Pour autant ça n'empêche pas les répondants de juger correctement la sécurité des piétons : 10,61 en moyenne, et les aménagements le concernant : 12,01.
Olivier Queinnec, l'un des correspondants de 60 millions de piétons fait part d'une anecdote qui lui est arrivé : "Place de la gare, le passage piéton n'est plus marqué au sol, j'ai personnellement failli être renversé par un automobiliste lyonnais qui n'avait pas vu que c'était un passage piéton et en plus, il m'a insulté car il pensait que j'étais en tort".
"Cela se fait dans d'autres villes, de façon systématique, il y a une couleur, une coloration très forte des pistes cyclables"
60 millions de piétons se veut force de proposition aujourd'hui. Gérard Hudault, par exemple, formule une proposition, celle de colorer au sol les pistes cyclables en une seule et même couleur, très distincte : "A Grenoble, un certain nombre d'espaces ou de trottoirs sont suffisamment larges pour faire circuler à la fois les piétons et les cyclistes ou les deux roues, je dirais plus généralement typiquement sur les grands boulevards. Mais c'est mal identifié, ce qui fait qu'aussi bien les cyclistes que les piétons ne savent pas où ils doivent être. L'idée, c'est : comme ça se fait dans d'autres villes, de façon systématique, il y a une couleur, une coloration très forte des pistes cyclables et particulièrement celles qui sont les plus dangereuses aujourd'hui. Donc, on identifie du premier coup d'œil quel est l'endroit où les cyclistes vont circuler et sont prioritaires et, de l'autre, les endroits où les piétons ont le droit".
Questions ouvertes : un ressenti "tout pour le vélo"
Le questionnaire prévoyait aussi une partie de commentaires libres. Et sur ce plan, une tendance se dégage à Grenoble : celle d'un ressenti des piétons contre les modes de transports dits "doux". Il en serait trop fait pour le vélo, une des phrases qui revient est même "ras-le-bol du tout pour le vélo". Parmi les lieux les plus conflictuels à Grenoble, les usagers citent les croisements Berriat/Thiers, Gambetta/Lesdiguières ou encore le "carrefour Adrienne", entre le rectorat et la préfecture.
Réponse de la ville
Pour la voix de la ville, nous avons sollicité l'adjointe Margot Belair, auteure par ailleurs d'une série de tweets sur le sujet de la campagne des mobilités ici . Ce n'est pas le même sujet ? Non, mais on va voir que les problématiques se rejoignent. Et la principale, c'est la cohabitation de toutes les formes de déplacements.
A la question des piétons, Margot Belair reconnait que le sujet d'aujourd'hui est bien la multiplication des modes de transports différents, et le non-respect du code de la rue par certains : "C'est symptomatique du fait que les modes de déplacements sont de plus en plus nombreux, c'est l'explosion des modes "actifs" de déplacements individuels ça génère des comportements qui ne sont pas toujours les bons, et on a besoin de communiquer et de rappeler la place de chacun. Un des meilleurs moyens pour que chacun puisse avoir sa place et se sente en sécurité dans l'espace public, c'est la séparation des flux. On voit que quand on fait des aménagements performants, par exemple pour les cyclistes, on ne voit quasiment plus de vélos qui roulent sur les trottoirs quand il y a une chronovélo à côté".
Et aux remarques fortes sur la moindre place qui serait faire aux piétons dans la ville, Margot Belair dément et explique la démarche de Grenoble :
"Tout est fait pour rendre ces passages piétons le plus sécurisés possible, par exemple, on systématise le fait d'installer des arceaux pour vélos juste avant les passages piétons, afin qu'il n'y ait pas de voitures qui se stationnent pour qu'il y ait la meilleure visibilité à la fois pour le piéton ou pour la voiture qui pourrait arriver. Une zone piétonne, c'est une zone dans laquelle les vélos et les trottinettes électriques doivent rouler au pas et il est conseillé, d'ailleurs, quand il y a beaucoup de piétons, de descendre de sa trottinette et de son vélo et de marcher à côté. Ça n'est pas toujours respecté. Il y a des opérations de sensibilisation qui sont faites par la police municipale et qui vont continuer à être faites. C'est vraiment une politique globale qui pense d'abord au piéton et à sa sécurité.
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