Le 24 décembre 2017
Opéra : Sampiero Corso, sur RCFM le 24 décembre à 19h

Drame lyrique en 3 actes et 5 tableaux d'Henri Tomasi
Livret en langue corse de Jacques Fusina d'après le livret de Raphaël Cuttoli.
Avec la participation pour la prosodie de Tibère Raffalli.
En ouverture de la saison, l'Opéra de Marseille affiche une oeuvre due au compositeur Henri Tomasi, d'origine corse, fils de Xavier Tomasi, un des pionniers dans l'île de la collecte des formes musicales orales traditionnelles. Poursuivant la politique consistant à redonner à des oeuvres relativement récentes de la musique française une nouvelle chance, Renée Auphan, elle-même d'origine corse, a choisi un drame lyrique consacré à la figure de Sampiero Corso, un personnage historique vénéré en Corse comme combattant de la liberté et de l'indépendance contre l'occupation gênoise au XVIe siècle.
L'intérêt de l'oeuvre, peut-être nourrie par les résonances de l'actualité insulaire, tient à la fois à la musique et au héros. Limpide comme il convient à un élève de Vincent d'Indy titulaire d'un Prix de Rome, la musique témoigne de la grande maîtrise d'un compositeur capable d'allier de manière captivante la technique savante, les souvenirs et les influences d'autres musiciens, et les sources mélodiques et harmoniques du terroir . (Le programme de salle, édité comme d'habitude par Actes Sud, présente à ce propos plusieurs textes éclairants, d'Emmanuelle Mariini, Claude Tomasi et Emile Vuillermoz). Le héros incarne depuis des siècles la figure du patriote aux yeux des siens. Une adaptation du livret ayant semblé nécessaire pour le mettre en adéquation avec la "corsitude" de la partition, il a donc été réécrit en "langue corse" par des spécialistes concernés au premier chef.
Dans le drame représenté, l'action se concentre sur le couple formé par Sampieru, condottiere enrichi au service des Medicis ou des rois de France, et son épouse Vannina d'Ornano, dont la famille est à demi-gênoise.
Autre atout de ce spectacle, la réalisation scénique. Certes, on peut regretter que les choix effectués nous privent d'une Moresca reconstituée puisque il s'agit à l'origine d'une danse exclusivement masculine, mais la chorégraphie justifie en quelque sorte la présence de femmes : le caractère agressif de la danse prolonge la relation masculin-féminin existant entre Sampieru et Vannina.( La femme n'est partenaire que soumise et muette, adhérant sans réserve aux objectifs de son mâle de maître, faute de quoi elle est coupable et condamnée sans rémission.