Séquestrées de Cleveland : ces indices troublants qui ont alerté le voisinage
Comment Ariel Castro a-t-il pu, pendant dix ans, cacher dans sa maison de Cleveland trois femmes ? L'attitude de la police et des services sociaux est remise en question, ce mercredi, à l'aune des témoignages recueillis notamment dans le voisinage.

Les services sociaux toquaient à la porte en 2004
Difficile pour le moment de faire le tri entre les différents éléments rapportés par les voisins d'Ariel Castro, 52 ans, soupçonné d'avoir séquestré à son domicile trois femmes durant les dix dernières années. Mais ces témoignages recueillis par la presse US, qui recoupent certaines informations fournies par la police, posent la question du rôle des autorités dans cette sombre histoire.Ariel Castro n'était pas totalement un étranger pour les autorités, qui étaient venues par deux fois frapper à sa porte, notamment en 2004 , date à laquelle les trois femmes étaient a priori déjà captives. Des inspecteurs des services sanitaires et de protection de l'enfance s'étaient alors rendus à son domicile dans le cadre d'une enquête portant sur des faits commis par Ariel Castro à son travail. Chauffeur de bus scolaire, il était accusé d'avoir enfermé dans le véhicule qu'il conduisait un enfant , le temps d'aller déjeuner dans un fast-food. Ils avaient trouvé porte close. La procédure n'était pas allée plus loin.
Des femmes nues en laisse dans l'arrière-cour ?
Mais ce qui retient l'attention de la presse, ce sont ces témoignages troublants des voisins. A commencer par celui d'Israel Lugo. Ce dernier affirme avoir téléphoné à la police, en novembre 2011. Sa soeur avait en effet aperçu une fille en pleurs tenant un bébé dans la maison (NDLR : le bébé de l'une des captives, Amanda Berry), et qui réclamait de l'aide. Il y a huit mois, la soeur d'Israel Lugo a vu Castro garer son bus devant la maison et en sortir en tenant un grand sac contenant de la nourriture pour plusieurs personnes et un plateau portant plusieurs boissons. Or l'homme disait vivre seul depuis son divorce, des années auparavant. Suite à ces deux événements, la police est venue mais ne s'est rendue compte de rien .

Le Detroit Free Press raconte de son côté qu'une autre voisine affirme avoir vu une femme nue ramper dans le jardin derrière la maison. La police, appelée, n'aurait pas pris la chose au sérieux. Israel Lugo fait lui aussi état de ces rumeurs, qui décrivent la présence de trois femmes nues et tenues en laisse dans l'arrière-cour de la maison.Enfin, dernier élément troublant : la présence récurrente, aux côtés d'Ariel Castro, d'une petite fille. L'homme ne sortait avec elle qu'au petit matin, pour lui faire profiter du parc voisin, et racontait aux gens qu'il s'agissait de la fille de sa petite amie.
Des chaînes et des cordes dans la maison
Le chef de la police locale a réagi à ces interrogations dans l'après-midi de mercredi. Michael McGrath a assuré que les forces de l'ordre n'avait raté aucune chance ces dernières années concernant cette affaire , indiquant que seuls deux appels aux autorités étaient liés à cette maison mais l'un "concernait une bagarre dans la rue (NDLR : en 2000) et l'autre un enfant de quatre ans oublié dans un bus scolaire conduit par l'un des suspects". "A part cela, nous n'avons reçu aucun autre appel pour des plaintes à cette adresse", a insisté le policier.Ses hommes, qui ont également arrêté les deux frères d'Ariel Castro (Pedro, 54 ans, et Onil, 50 ans), tentent désormais de déterminer où les trois femmes ont été séquestrées durant toutes ces années. Des chaînes et des cordes ont d'ores et déjà été retrouvées dans un couloir. Les suspects devraient être à nouveau interrogés ce mercredi soir et formellement accusés.
