DÉCRYPTAGE - FC Nantes : une contre-attaque "hallucinante" pour entretenir l'espoir
Mal embarqué à l'issue d'une première mi-temps où il "a touché le fond", le FC Nantes s'est réveillé après la pause, ce dimanche contre Strasbourg. Les Jaunes ont même réussi à renverser la vapeur grâce à une contre-attaque clinique qui leur permet de retrouver la place de barragiste. Analyse.
Trois passes, neuf touches de balle et dix secondes. C'est ce qu'il a fallu au FC Nantes pour prendre l'avantage, ce dimanche après-midi contre le RC Strasbourg, à l'issue d'un contre rondement mené par le quatuor Alban Lafont, Pedro Chirivella, Moses Simon et Ludovic Blas. Les Jaunes qui se cassaient jusqu'alors les dents sur une défense bleue regroupée, ont mis en pratique un plan travaillé pour faire trébucher le Racing. Décryptage.
"J'ai dit à Simon d'aller plus haut"
Pour la première fois depuis un mois et leur nul contre Lorient, les Canaris ont marqué dans le jeu. Une contre-attaque pensée, construite et exécutée à la perfection qui a tranché avec une première période où l'octuple champion de France "a touché le fond", dixit Antoine Kombouaré. Sur un corner anodin obtenu à la 76e minute, le RCSA se projette en nombre dans la surface nantaise pour tenter de forcer la décision alors que le tableau d'affichage indique toujours un score de parité.
Huit joueurs du Racing se sont installés dans ou à proximité de la zone technique d'Alban Lafont (séquence 1). Mais contrairement aux phases arrêtées défensives négociées par les Jaune et Vert en première période, tous les joueurs de champ ne sont pas dans leurs 18 mètres. "Avant le corner pour Strasbourg, je dis à Moses Simon de ne pas rester devant notre surface mais d'aller plus haut parce que j’arrivais à bien capter les centres", confie après coup le meilleur nantais de la rencontre, Alban Lafont.
Mais plutôt que d'allonger le ballon qu'il venait de capter, le gardien nantais dont le prêt arrive à terme en juin préfère lancer dans la profondeur un Pedro Chirivella qui avait anticipé la prise de balle de son dernier rempart (séquence 2). A la mi-temps, "j'ai dit aux joueurs de ne pas hésiter à ressortir avec Alban", décrypte le technicien nantais Antoine Kombouaré. Il a été écouté par son portier.
Le deuxième but est hallucinant. Je me demande si un club de Ligue 1 a déjà pris un but de ce style-là.
"Je parviens à jouer vite, explique l'auteur de trois parades décisives face au Racing. J’essaie de relancer le plus vite possible pour créer le surnombre devant." La justesse de son dégagement dans le couloir gauche permet à Pedro Chirivella de prendre le dessus sur l'ex-Nantais Adrien Thomasson au niveau de la ligne médiane. La différence est faite.
L'intelligence de Chirivella, l'altruisme de Simon
Lorsque l'ancien Red pénètre dans les 30 derniers mètres de Matz Sels, seuls deux joueurs strasbourgeois lui font face, Alexander Djiku et Stefan Mitrovic, montés sur le corner précédant, n'ayant pas eu le temps de se replier suffisamment vite (séquence 3). Intelligemment, Moses Simon se fait oublier de ce qu'il reste de l'arrière garde du Racing avant d'appeler le ballon dans l'intervalle laissé libre par Lionel Carole et Anthony Caci, pris dans leur dos.
La vitesse de l'international nigérian Moses Simon lui permet de prendre le dessus sur une arrière-garde dépassée (séquence 4). Légèrement excentré à gauche de la cage du RCSA, le joueur formé à l'Ajax Amsterdam vient fixer Matz Sels. Mais plutôt que de tenter sa chance, le numéro 27 des Canaris se montre altruiste. Sentant Ludovic Blas arriver à grandes enjambées, il lui glisse le ballon dans le bon tempo pour permettre au meilleur réalisateur nantais de la saison d'actualiser son compteur personnel à huit buts.
De A à Z, ce contre d'école a été exécuté à la perfection et la facilité nantaise à arriver dans la zone de vérité en trois passes a passablement agacé le technicien alsacien. "Je suis un peu en colère, admet aisément Thierry Laurey. Le deuxième but est hallucinant, tu n'as pas le droit de le prendre comme ça. Je me demande si un club de Ligue 1 a déjà pris un but de ce style-là." C'est désormais fait et il arrive à point nommé pour ce FC Nantes qui était en quête d'un succès depuis plus d'un mois. "C'est une très belle réaction d'une équipe qui veut se maintenir, se félicite Alban Lafont. Je suis fier de mes coéquipiers." Qui doivent désormais enchaîner à Brest, dimanche prochain, pour la première fois depuis décembre 2019. Une éternité.