Passer au contenu

Le média
de la vie locale

Publicité
Logo France Bleu

INTERVIEW | Jean-Pierre Caillot : « On veut installer durablement le Stade de Reims dans le Top 10 de la Ligue 1 »

Par

Le président du club rémois fait le bilan de la saison et évoque l'avenir. Il parle du recrutement, d'Edouard Mendy, le transfert éventuel de Rémi Oudin, de l'Europe, la DNCG, David Guion, l'équipe féminine, le trading ou encore les investissements au centre Raymond-Kopa et au Stade Delaune.

Le président du Stade de Reims, Jean-Pierre Caillot est comblé par cette saison du retour en Ligue 1.
Le président du Stade de Reims, Jean-Pierre Caillot est comblé par cette saison du retour en Ligue 1. © AFP - AFP

L’interview a été réalisée le matin du vendredi 24 mai soit avant la victoire du Stade de Reims face au Paris Saint-Germain (3-1).

Publicité
Logo France Bleu
  • Le Stade de Reims va terminer dans le Top 10 du championnat de Ligue 1, à la 8e place, pour vous dirigeants, qu’est-ce que cela change ?

C’est une grande fierté pour un promu d’être dans les dix premiers. Cela fait près de 50 ans que le Stade de Reims n’avait pas terminé aussi bien dans un championnat de Ligue 1. C’est très symbolique mais cela met aussi en avant le travail qui est fait depuis des années, qui est aujourd’hui validé par ce classement, et qui s’appuie sur des bases solides dans ce club. Le bilan est bon. J’ai lu et entendu des critiques dans cette période un peu compliquée en terme de résultats ces dernières semaines, et j’ai répondu sur le sujet en disant que ça, c’était typiquement français, on regarde toujours le verre qui n’est pas rempli du bon côté. Je pense qu’il faut savourer au niveau du club et des supporters cette magnifique saison qui nous a été offerte par nos joueurs. 

  • Vous aviez dit à la trêve que vous étiez confiant pour la suite de la saison parce que cette équipe allait évoluer, avait une marge de progression, est-ce que sur cette phase retour, les progrès de l’équipe vous ont satisfait ?

J’avais plutôt dit que eu égard à la politique de recrutement que l’on avait eu l’été dernier, alors que l’on me disait que les promus avaient tendance à baisser de rythme en deuxième partie de saison, j’étais certain de la qualité du groupe et qu’au fil du temps, ce groupe allait améliorer ses résultats. C’est uniquement dans ce sens que j’avais relevé ce point. 

  • Qu’est-ce que vous avez le plus apprécié cette saison ?

Ben déjà la Ligue 1 ! Quand on a été en Ligue 1 pendant quatre saisons, que l’on repasse par la case Ligue 2 même si on a vécu une saison exceptionnelle l’année dernière, évidemment que rien ne remplace la Ligue 1. Rien ne remplace les émotions des rencontres en Ligue 1. 

  • Cette perspective d'accrocher une place européenne n’a-t-elle pas fait plus de mal que de bien ?

C’est beaucoup trop fort de dire çà. Je pense que le foot est le seul sport qui génère autant d’incertitudes, le seul sport où le petit peut battre le gros, c’est le sport qui fait le plus rêver, et donc on a rêvé ! Quand on connaît le passé du Stade de Reims avec l’Europe, évidemment que tout le monde s’est mis à rêver et à croire que…. Mais encore une fois pour nous, se maintenir et être largement dans le top 10, c’était déjà un succès. Après, cette année,  il n’y a eu que 4 places en championnat qui ont permis de se qualifier pour une coupe européenne. Je pense que notre place n’était pas dans ces 4 premiers. 

Les Rémois ont réalisé une très belle saison pour leur retour en Ligue 1. © AFP - AFp
  • Selon-vous, que faut-il pour retrouver un jour l’Europe ?

Peut-être un concours de circonstances puisqu’on voit que Rennes et Strasbourg cette année font l’Europe et ce n’était pas spécialement prévu. Ils sont passés par les Coupes. Ce club, on l’a reconstruit étape par étape, dans un monde du football où l’on a de moins en moins de temps. Et malgré cela, on a réussi à le prendre ce temps et à canaliser l’environnement et les énergies. Et aujourd’hui, notre objectif dans les années à venir, c’est d’installer durablement le Stade de Reims dans les 10 premiers du championnat. En tenant compte des artilleries lourdes que l’on a en face de nous, des investisseurs étrangers, de toutes ces nouvelles formes économiques qui sont en train d’arriver. Et si on est régulièrement dans les 10 premiers, un jour, le club redeviendra européen. Souvent on me demande si j’ai des modèles. En 16 ans de présidence, je ne me suis jamais inspiré de modèle. En revanche, s’il y a bien un club dont on pourrait s’inspirer, c’est Saint-Etienne et le travail qui a été fait là-bas. 

"La prolongation de David Guion est une juste récompense"

  • Quand on termine aussi haut dans le classement, est-ce que cela met plus de pression pour la saison suivante ?

La pression, quand on est dirigeant, on l'a en permanence. C'est vrai que l'on entend parfois quand on intègre la Ligue 1, que le plus dur c'est la deuxième saison. Disons que ce que l’on a fait cette année nous conforte dans le fait qu'on est sur la bonne voie. La pression on l'aura. Et je pense que le jour où on attaquera un championnat sans avoir la pression de se maintenir, on ne sera pas loin de la fin.

  • Vous allez prolonger le contrat de David Guion et de son staff, c’était pour vous, dirigeants, une évidence ?

Ce n'est jamais une évidence. Quand un entraîneur réussit pleinement le challenge qui lui a été fixé - c'était le cas de David depuis deux ans – il lui arrive aussi, et on l’a vu par le passé, de prendre d'autres orientations. Aujourd'hui, on voit que c'est un monde qui va beaucoup bouger au niveau des bancs de touche. Donc il fallait savoir si David, qui de toute façon était encore contractuellement lié au Stade de Reims, avait l'envie et l'énergie de prolonger son passage au Stade de Reims et accessoirement pour nous, c'était une juste récompense puisque qui dit prolongation de contrat, dit clairement revalorisation. Et David est un garçon raisonnable. On a donc trouvé un accord pour qu’effectivement on puisse prolonger son contrat, pour le sécuriser.

  • Est-ce que le modèle d’Angers qui vient de prolonger son entraîneur Stéphane Moulins de 2 saisons, qui entraîne l’équipe première depuis 2011, peut être un modèle à suivre pour le Stade de Reims avec David Guion  ?

Je viens de vous dire juste avant que je n'avais pas particulièrement de modèle, donc je ne vais pas prendre le modèle d'Angers. Ce que l’on peut dire, c'est qu'il y a une vraie volonté et une vraie confiance de travailler avec le staff actuel. Après dans le football, il peut se passer beaucoup de choses. Mais quand vous mettez votre staff dans de bonnes conditions de réussite, quand il obtient les résultats pour lesquels il travaille, vous n'êtes pas à l'abri effectivement qu'il capte des regards. On est dans un marché de concurrence totale. Ce qui est bien, c'est de sentir surtout que votre staff a envie de continuer et c'est surtout ça l'élément essentiel. Nous ici on n'a pas pour habitude particulière de couper les têtes des gens qui travaillent bien. Donc David se sentira bien dans cette mission. Il aura notre confiance et les choses suivront. Encore une fois, ça me fait sourire ces derniers temps quand je vois tous les éloges, et ils sont mérités, qui sont fait à David Guion, mais reprenons aussi l'historique : quand on a choisi David Guion pour remplacer Michel Der Zakarian en 2017, il y a quand même une grande partie des gens qui ont été sceptiques, qui ont dit qu'on manquait d'ambition. Et aujourd'hui, si David partait on a l'impression que ce serait la fin du Stade de Reims ! David a la juste reconnaissance qu'il mérite et il reconnaît en toute honnêteté, qu'il est mis dans des conditions de travail favorables pour atteindre ses objectifs. Là aussi, on l'oublie vite mais dans la première partie de saison, il y a eu une période où on avait un peu de mal à marquer des points. Je pense qu'on a dû être 16e ou 17e à un moment dans la saison, en automne. Et David a particulièrement apprécié lorsqu'une partie de l'environnement, une partie des médias a annoncé qu'il allait bientôt se faire limoger, il a toujours eu des discussions très claires et très saines avec moi pour lui dire qu'il avait une entière confiance et que les choses allaient en termes de résultats s'améliorer. Et cela a été le cas.

  • Est-ce que le recrutement est suffisamment avancé pour que les prochaines recrues arrivent le plus tôt possible cet été ?

Le travail a été fait depuis un an et demi, on a une cellule de recrutement qui travaille énormément, qui se déplace beaucoup à l'étranger. Il faut aller chercher les pépites dans d'autres championnats. Le travail a été fait en amont au mois de janvier, et on est déjà en contact avec des joueurs ou leurs agents qui sont venus, à qui on a présenté nos projets. Donc vous dire que les choses se feront dans les semaines à venir, c'est un objectif et on serait ravi que ça se passe comme ça. Mais sauf que le football n'est jamais aussi simple. Comme on cible des joueurs d'un niveau reconnu, on n'est pas les seuls sur les dossiers. On a aujourd'hui des dossiers prioritaires. Ils sont tous avancés même très avancés ce qui ne veut pas dire que les garçons sont chez nous, loin s'en faut mais en tout cas ils ont envie de venir chez nous. C'est déjà un premier élément. Et puis si ces dossiers prioritaires n'aboutissent pas, il y aura des dossiers numéro 2, des numéros 3 potentiels au poste. L'année dernière, on a eu des périodes un peu compliquées parce que par exemple avant de faire venir Bjorn Engels, avec qui on était en contact dès le mois de mai, on a vu un certain nombre de dossiers type Mitrovic qui au dernier moment nous ont échappé. On est dans ce cas de figure : on a les numéro 1, on a ce que l’on aimerait faire signer mais après, il y aura des conditions économiques avec les clubs qui feront que cela se fera, ou pas.

"On va se fixer une date limite avec Edouard Mendy"

  • Vous avez identifié les profils ? 

Le recrutement tel qu'il est envisagé au moment où l’on se parle, il est de quatre joueurs. Un attaquant, un joueur excentré droit, un milieu de terrain, et un défenseur droit. Ensuite, il pourra y avoir d'autres recrutements en fonction de ce qui se passera dans notre mercato sachant que pour le moment, le seul joueur qui a clairement un bon de sortie parce qu'on lui avait donné notre parole en début d'année, c'est Rémi Oudin. Pour lui, vu toutes les approches qui sont faites par des clubs d'un peu partout, je pense que c'est peut-être le bon moment pour partir parce que des fois, faire l'année de plus, c'est jamais bon ni pour le joueur, ni pour nous. Donc on va voir, on ne va pas le brader, il partira s'il a un projet qui lui convient et si évidemment le Stade de Reims s'y retrouve.

  • Edouard Mendy a déclaré dans le journal l’Equipe vendredi matin que faire une saison de plus à Reims « ne le dérangeait pas, bien au contraire », mais que tout peut arriver ? Qu’en est-il le concernant ?

Le club a montré, et il y a quand même une jurisprudence "Stade de Reims", que quand il décide qu'un joueur ne partira pas au risque de voir sa valeur chuter l'année suivante, le joueur ne pars pas. On avait été attaqué sur le cas Grejohn Kyei quand on est descendu en Ligue 2 en 2016. On avait dit qu'il n'avait pas de bon de sortie et malgré beaucoup d'actions de clubs comme à l'époque Rolland Courbis et René Ruello, l’entraîneur et le président de Rennes, malgré tout leur lobbying, le joueur est resté chez nous. Mais il y a quand même quelques postes où c'est particulier. Vous parlez du gardien, c'est vrai aussi pour l'entraîneur. Quand Hubert Fournier est venu me voir en me disant qu'il allait à Lyon, qu'est-ce que je pouvais faire ? Je ne pouvais pas retenir un entraîneur qui ne voulait plus entraîner chez nous ? Un gardien de but, c’est un peu pareil. Je ne vais pas me priver de mon gardien de but s'il n'est pas bien et faire jouer mes jeunes, même si j'ai des très bons jeunes gardiens au club. Si Edouard a envie de rester, et nous on a envie qu’il reste, il restera. Mais il dit clairement dans ses propos que s'il a un projet qui est très intéressant, il va l'étudier…

Edouard Mendy sera-t-il le gardien de but du Stade de Reims la saison prochaine ? © AFP - AFP
  • Vous allez fixer une deadline ? Lui parle dans cette même interview d’être fixé avant le rassemblement du Sénégal (le 4 juin) pour préparer la Coupe d’Afrique des Nations…

Effectivement, je pense qu'il faudra être fixé. On s'entend très bien avec ce garçon, il sait aussi ce qu’il doit au Stade de Reims et nous on sait ce qu’on lui doit avec ses performances. Je pense que par honnêteté pour le club, par honnêteté pour son coach, par honnêteté vis à vis de ses coéquipiers, il ne peut pas nous laisser dans l'incertitude et le 31 août, nous expliquer qu'on ne peut pas faire autrement que de le laisser partir. Donc, on s'est déjà vu un certain nombre de fois, on va se revoir pour clarifier les choses avant son départ à la CAN, se donner une deadline et effectivement, s'il doit partir pour un gros projet qui ne se refuse pas, il partira et la cellule de recrutement nous présentera le gardien qu'elle a ciblé pour potentiellement le remplacer.

  • Les féminines accèdent en Division 1. De quels moyens l’équipe va disposer ?

Il faut bien mesurer que le football féminin est quand même une activité plutôt récente au niveau de la Fédération. Donc il y a des caps énormes entre les divisions. Et passer de Division 2 en Division 1, c'est quand même un gros gros changement. Il a d’ailleurs fallu que l’on investisse 350 000 euros pour mettre les infrastructures aux normes pour pouvoir jouer le championnat de Division 1. On sera sur un budget raisonnable qui est aux alentours de 1,3 millions d’euros ce qui correspond au doublement du budget qu'elles avaient quand elles étaient en Division 2. Donc les féminines sont logées à la même enseigne que les garçons du Stade de Reims : ce ne sera pas l'équipe la plus riche du championnat mais elles devront l'être dans leur engagement sur le terrain. Je sais qu'il y a une volonté d'Amandine Miquel,  leur entraîneur et responsable de la section féminine, de bien figurer dans ce championnat. Nous dirigeants, on leur demandera de se maintenir et nous serions déjà comblés que ça se passe ainsi.

"Nous aurons un budget autour de 50 millions d'euros la saison prochaine"

  • Il y a quelques jours, on a été surpris de la communication de la DNCG qui vous a demandé des pièces complémentaires pour valider votre budget de la saison prochaine alors qu’habituellement, le passage à la DNCG est plutôt une formalité pour le Stade de Reims. Que s’est-il passé et que va-t-il se passer ?

C'était une grosse surprise pour moi. Cela doit faire plus de 16 ans que je passe à la DNCG avec le club, et je suis passé en National et en Ligue 2 avec des budgets autrement plus compliqués que ce qu'on fait aujourd'hui au Stade de Reims. Donc effectivement, je ne vous cache pas que cela n'a pas été l'exercice le plus sympathique que j'ai vécu la semaine dernière. Alors que les choses soient claires, le budget de cette année est positif. Le club aura gagné de l'argent. Le budget de l'année prochaine, il est comme toujours sur des bases raisonnables. Il devrait être aux alentours de 50 millions d'euros. Cette saison écoulée, il sera finalement supérieur aux 40 millions d’euros annoncés en début de saison. Pour la saison prochaine, on a pris des hypothèses qui sont tout à fait réalistes. Donc ce n'est pas ce qui a posé problème. En plus, on a quand même une grande crédibilité à la DNCG. Ils savent que quand on annonce des chiffres, on est toujours dans la vérité ou en tout cas, il n'y a jamais de surprise avec les chiffres annoncés. Par contre – pour rentrer un peu dans la soupe comptable – il y avait un tableau de trésorerie à mettre en place et il y a eu une erreur de la personne chez nous qui avaient préparé le tableau, et ça peut arriver dans toutes les entreprises. Donc la DNCG a demandé à être rassurée sur ce tableau de trésorerie. Rien de grave et ça ne remettra pas en cause la présence du Stade de Reims en Ligue 1 l'année prochaine. On va communiquer des éléments complémentaires mais comme j'ai découvert cette situation au moment du « grand oral » mercredi dernier, il était compliqué de fournir les pièces demandées en temps et en heure. J'étais très embarrassé par cette situation mercredi mais les gens que j'avais en face de moi l'étaient au moins autant puisque encore une fois, au fil des années, on se connaît un peu. Et le sérieux de l'entreprise est reconnu. Mais la DNCG a fait son travail. Le document que nous leur avons présenté n'était pas correct et il faut le corriger.

  • Il y a un mot que l’on entend beaucoup dans le football en ce moment, c’est le mot « Trading ». Ce qui pourrait se traduire par le fait de rentabiliser un investissement, comme un joueur quand on le revend. C’est aussi ce que viennent faire les investisseurs étrangers quand ils investissent dans les clubs de Ligue 1. Le Stade de Reims en fait bien évidemment lorsqu’il revend ses joueurs. Comment voyez-vous cette évolution du football ?

C’est en effet un peu l'évolution de notre football aujourd'hui. Cela pourra peut-être sembler ringard à certains, mais j'incarne un type de présidence passionnée, amoureux de son club, et malgré tout qui s'adapte dans l'économie évidemment. Mais quand je vois aujourd'hui l'évolution de notre football et des fonds de placement qui arrivent en annonçant clairement qu'ils sont là pour gagner de l'argent... Soit. Je ne conteste pas l'économie, je suis chef d'entreprise, mais bon c'est un peu loin de ma vision du football. Après concernant la première partie de la question sur le trading des joueurs. Evidemment que c'est un élément intégré au club. Je pense qu'aujourd'hui l'un des problèmes du football français, c'est sa dépendance aux droits TV. Ils sont importants, mais il faut aussi que l'on ait d'autres ressources de revenus. On sait qu'on a un stade avec une certaine capacité qu'on ne va pas pouvoir augmenter. On n'a pas la volonté d'augmenter les tarifs de billetterie non plus donc on voit qu'on a fait assez rapidement le tour des éléments évolutifs. Il reste la vente de joueurs en conservant une logique de formation. Aujourd’hui, on est dans un cercle vertueux, on forme des jeunes, ils jouent et ensuite ils vont trouver un projet ailleurs. Je dis que l’on on est dans un cercle vertueux parce que malheureusement, un certain nombre de clubs formateurs sont contraints de vendre leurs joueurs avant même d'avoir pu les utiliser chez eux en équipe première. Donc nous, on est dans ce schéma, mais la différence c'est que nous, on peut les faire jouer. On l'a vu avec Aïssa Mandi, Hamari Traoré et Jordy Siebatcheu, on le verra peut-être demain avec Rémi Oudin. Les joueurs ont été formés chez nous, ils ont participé au développement et aux bons résultats de l'équipe et ensuite ils vont faire leurs carrières ailleurs. C'est juste normal. Donc le trading, c'est un élément important aujourd'hui dans la gestion d'un club de foot. Et par exemple l'année prochaine dans notre budget, qui sera je le disais précédemment aux alentours de 50 millions d'euros, il y a une ligne de trading qui est prévue à 10 millions d'euros.. Le club a été plus que raisonnable puisque dans ces 10 millions, il y a déjà 4 millions qui sont réalisés et qui concernent la suite du transfert, les bonus donc, de Jordy Siebatcheu. Cela c'est un acquis. Ainsi aujourd'hui, pour réaliser le budget de 50 millions, il faudra vendre pour 6 millions de joueurs donc autant vous dire que vu la valeur marchande de notre effectif actuellement, on sera largement au-dessus de ces 6 millions sans avoir d'impératifs à vendre particulièrement. Et puis avec ce système de bonus, on a un certain nombre de joueurs sur lesquels on a encore des droits de suite assez importants. Je pense à Aïssa Mandi et Hamari Traoré, mais ces droits de suite, ces bonus, fonctionneront dans la mesure où ces joueurs seront transférés.

Le club rémois va investir 25 millions d'euros pour moderniser le Stade Delaune. © AFP - AFp
  • Est-ce que la perspective de la saison 2020-2021 avec l’arrivée de Mediapro qui a acquis les droits TV pour un peu plus d’un milliard d’euros, va changer la donne pour un club comme le Stade de Reims ?

Alors déjà, s’il y a bien un moment où il ne faut pas descendre, c’est la saison prochaine, puisqu'il faudra être autour de la table en 2020-2021 vu les parts de gâteau qui vont être distribuées et même si je pense qu'on aura des discussions, la Ligue 2 sera le parent pauvre de la distribution, il ne faut pas se raconter d'histoires. Donc tout ça pour dire que notre objectif est de rester en Ligue 1 mais il l'est encore plus sur l'aspect financier. Parce que l’écart qu'il y aura en droits TV créera quand même à mon avis un gouffre entre les divisions. Alors le grand danger, c'est que dès la saison prochaine, il y ait une course à l'armement, les 20 clubs qui seront au départ feront tout pour ne pas descendre. C'est là qu'il faudra être malin. C'est là qu'il faudra avoir des bases saines et sérieuses.

"Il n'y a pas d’intérêt pour nous d'être propriétaires du Stade Delaune"

  • Avez vous prévu des évolutions d’infrastructures, au centre Raymond Kopa ou au stade Delaune ?

J'ai souvent répété que le Stade de Reims était une entreprise et l'extérieur voit souvent la partie visible qui est l'équipe première, sauf que comme toute entreprise, on se doit d'investir. On a réussi au centre Raymond Kopa à faire quelque chose de magnifique. Très peu aidé par le système bancaire qui dès qu'il entend parler de sport professionnel, part en courant. Donc malgré des fonds propres de pratiquement 10 millions d'euros, on a toujours eu des problèmes à se faire financer. Donc quand on ne vous finance pas, il faut s’autofinancer. C'est ce que l'on a fait ici. On avait à peine terminé cette phase 1 au Centre Raymond Kopa, qu’il a fallu passer à la phase numéro 2 qui était de réaménager et reconstruire un bâtiment pour la formation. On a été aidé par la ville de Reims sur ce projet entre autres. Et puis il va y avoir la phase numéro 3 qui ne sera peut-être pas activée dès la saison prochaine qui consistera à faire un bâtiment totalement indépendant pour les féminines. Je pense que quand on aura fini ces trois infrastructures, quand on aura mis en place les deux nouveaux terrains, on sera en catégorie élite c'est à dire ce qu'il y a de mieux au niveau des centres de formation. A Delaune, même s'il ne nous appartient pas, il y aura une partie hospitalité qui sera amenée à être mise en place parce que le Stade Delaune a notoirement une carence. Il ne faut pas oublier que même s'il a une belle architecture, il a été pensé à l'époque de la Coupe du Monde 98 et qu'aujourd'hui par rapport à tout ce qui s'est mis en place et l'évolution du football, il est sur un certain nombre de points désuets. Donc on augmentera la part d'hospitalité et on travaillera aussi l'accueil pour tous les autres publics de manière à repenser un peu les places dans les tribunes quitte à ce que la capacité du stade puisse être diminuée. On est prêt à passer d'un stade de 21 000 à un stade de 19000 – 18000 places, si cela permet à nos spectateurs d’être dans de bonnes conditions pour venir pour voir leur équipe. Cela passe aussi par l'aménagement de coursives pour que les gens soient au chaud, qu’ils puissent se restaurer dans de bonnes conditions. Voilà c'est un projet très ambitieux qui aujourd'hui est chiffré aux alentours de 25 millions d'euros. Donc on l'a présenté à la ville de Reims ce qui est normal puisque c'est quand même chez eux, on a reçu leur agrément. C’est quelque chose de très bien pensé et très bien fait. On s'est fait aider par des gens qui ont une grande expérience, qui ont aménagé notamment la restructuration du parvis du Parc des Princes et qui ont aussi construit des stades modernes..

  • Beaucoup de clubs sont ou veulent être propriétaire de leur stade. Le Stade de Reims sera-t-il un jour propriétaire du Stade Delaune ?

Ce n'est pas d'actualité. Peut-être que nos élus souhaiteraient qu'on soit propriétaires du stade Auguste Delaune mais aujourd’hui on a trouvé un terrain d'entente dans le sens où on gère tous les flux, on gère l'entretien de la pelouse qui a été financée par la Ville. On a un certain nombre d'interventions sur l'infrastructure mais il n'y a pas un intérêt pour nous sur le court terme ou le moyen terme d’être propriétaire du Stade Delaune.

Publicité
Logo France Bleu