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Le Mans FC : retour sur les faits marquants de cette saison en Ligue 2
De retour en Ligue 2 après six années de purgatoire, Le Mans FC a vécu une saison difficile, ponctuée de grands moments et de tournants majeurs. Jusqu'à ce feuilleton administratif qui renvoie le club en National. Retour sur les faits marquants d'une saison inédite à bien des égards.

Avec Le Mans FC, le suspens est décidément au rendez-vous. Du match de Vannes (2011), où le club rata la montée d'un cheveux, jusqu'au feuilleton administratif de cette fin de saison ponctué par une descente en National , en passant par le retourné magique de Mamadou Soro qui renvoyait le club en Ligue 2, il y a un an, à la 97e minute, le club joue régulièrement son avenir à la dernière minute. La saison 2019/2020, celle du retour compliqué dans le monde professionnel, n'échappe pas à la règle. Dix-neuvième de Ligue 2 au terme de la 28e et dernière journée jouée, les Manceaux descendent en National après avoir été virtuellement sauvés pendant quelques jours. Retour sur cette saison inédite.
Un retour en fanfare
Le Mans FC effectue son retour en Ligue 2 par un vrai match de gala , au coeur de l'été. Le 27 juillet, dans un MMArena bien garni (17.000 spectateurs), le club accueille le RC Lens, candidat déclaré à la montée en Ligue 1. Dans ce derby Sang et or (les deux clubs partagent les mêmes couleurs), les Manceaux marquent les premiers et donnent le tournis aux joueurs nordistes. Mais ces derniers finissent par s'imposer 2-1. Une "défaite encourageante" dit-on alors à l'époque à propos d'une équipe séduisante dans le jeu, mais trop fragile défensivement. Et peut-être aussi trop tendre pour le combat de la Ligue 2.
Deux séries noires plombent la saison
Bon dernier avec un zéro pointé au bout de cinq journées, Le Mans FC aura patienté plus d'un mois avant d'ouvrir son compteur de points chez les pros. Le 30 août, devant un public toujours nombreux (6.300 spectateurs) malgré l'enchaînement des défaites, les hommes de Richard Déziré s'imposent 2-0 face à Sochaux.
Un déclic de courte durée car Le Mans FC enchaîne ensuite trois nouvelles défaites, avant d'entamer une bonne série. Le 4 octobre, après dix journées, les Manceaux n'ont que six points. C'est l'un des pires démarrages de l'histoire de la Ligue 2. Après la trêve de Noël, le redémarrage sera également très poussif et pénalisant : sept matchs sans victoire. Une nouvelle série noire qui aboutit au renvoi du coach, Richard Déziré , après une défaite à Ajaccio le 21 février.
Des voyages difficiles à négocier
Cela restera le gros point noir de la saison du Mans FC : ses performances insuffisantes à l'extérieur. En 14 déplacements, Le Mans FC n'a collecté que huit points (deux victoires, deux nuls, 10 défaites), soit le plus petit total de toute la ligue. Même Orléans (11 points) ou le PFC (17 points) ont fait mieux. Le Mans FC a également encaissé pas moins de 28 buts sur les terrains adverses. Soit une moyenne de deux par match.
Une difficulté à voyager symbolisée par deux rencontres dont l'issue pèse lourd dans le décompte final : la défaite à Nancy (2-1), le 16 août, sur un pénalty concédé à la 95e minute, alors que Le Mans joue à 11 contre 9 ; et le nul (2-2) ramené de Chambly lors de la 28e et dernière journée, alors que l'équipe menait 2-0 en supériorité numérique, à 25 minutes de la fin.
Richard Déziré : un coach à bout de souffle et à court d'idées
Arrivé au Mans FC en 2015, en CFA 2, il est devenu l'homme fort du club. Richard Déziré, l'entraîneur aux trois montées successives, entame cette saison première saison de Ligue 2 avec un joli crédit. Mais rapidement, la machine à gagner s'enraye. Souvent privé de plusieurs hommes de confiance physiquement ou mentalement émoussés (Stephen Vincent, Rémy Boissier, Alexandre Vardin...), plombé par les blessures ou la méforme persistante d'autres joueurs (Manzala, Levêque, Thuram...), le technicien manceau peine à installer une vraie concurrence au sein d'un groupe professionnel qu'il dirige pour la première fois. Il se retrouve dans l'obligation de bricoler à plusieurs postes, tâtonne pour trouver le bon équilibre entre sa volonté de "bien utiliser le ballon" et l'obligation de défendre dans ce championnat réputé rugueux et physique.
Au fil des semaines, malgré un rebond fin 2019, quand Le Mans termine la phase aller à la 15e place , son discours sur la supposée "prise de conscience" des joueurs qu'il faut "s'arracher", "courir" et "mettre l'intensité nécessaire de la première à la 95e minute" tourne en boucle. Et l'équipe tourne en rond, sans jamais décoller. Début 2020, elle semble même régresser et le coach, de plus en plus fataliste, semble à court d'idées. Il sait que son temps est désormais compté. Après une 16e défaite sans relief à Ajaccio, le 21 janvier, le président du club, Thierry Gomez, décide d'agir pour donner "un souffle nouveau" à l'équipe. A 12 journées de la fin, c'est sans Richard Déziré que Le Mans FC tente de sauver sa peau.
Un seul match sur le banc pour Réginald Ray
Après une victoire 2-1 face à Guingamp , sous la houlette de l'entraîneur adjoint, Stéphane Pichot, le club annonce le 29 février l'arrivée de Réginald Ray au poste d'entraîneur du Mans FC. A 51 ans, l'ancien coach du PFC et de Valenciennes débarque pour une mission commando de onze matchs. C'est la première fois qu'il accepte de jouer le pompier de service dans un club (le Muc 72 à l'époque) où il avait fini meilleur buteur de Ligue 2, en 1999 : "Certains vont dire que je suis fou d'y aller, explique-t-il à notre micro le 2 mars, mais l'essentiel, c'est que je sois convaincu que c'est possible. Et que les joueurs le soient aussi."
Son premier match sur le banc manceau se déroule à Chambly le 6 mars, à huis-clos. Et le dernier de la saison puisque la décision de suspendre le championnat tombe le 13 mars, à quelques heures de la rencontre programmée face à Troyes, au MMArena. Une ultime rencontre soldée par un nul (2-2) chargé de regrets quand on sait qu'à 25 minutes de la fin, Le Mans FC menait 2-0 à 11 contre 10. En conservant ce score, Le Mans FC aurait terminé 17e.
Coupe de France et coupe de la Ligue : des sourires et les paillettes
Ce retour dans le monde pro restera marqué, également, par de jolis parcours en coupe, notamment coupe de la Ligue, que le club retrouvait six ans après sa dernière participation. Après s'être imposé à Lorient lors du 1e tour, Le Mans FC élimine Orléans au bout du suspens, sort Nice (L1) au MMArena en 16e de finale lors d'un match complètement fou (victoire 3-2, cinq buts marqués lors des 20 premières minutes). Avant de s'offrir le PSG, à domicile, une semaine avant Noël. Mbappé, Di Maria, Marquinhos foulent la pelouse mancelle. Un match de gala, qui remet le club à l'honneur et entraîne une véritable frénésie du public pour obtenir des places . Il permet au MMArena de signer un nouveau record d'affluence avec 24.425 spectateurs.
Le club s'incline 4-1 avant de s'octroyer un autre match de gala, le 3 février à Bordeaux, en 32e de finale de la coupe de France. Un parcours en coupe qui a fait du bien, mais au cours duquel, l'équipe a peut-être laissé des plumes au vu de la difficulté de l'équipe à reprendre le fil de la Ligue 2, en janvier.
Les joueurs au rendez-vous
Au cours de cette saison galère, quelques joueurs sont sortis du lot en révélant leur talent ou en confirmant leur capacité à jouer au niveau professionnel. Passé de numéro 3 à numéro 1 au gré des blessures des autres portiers, Pierre Patron est LA révélation de la saison au Mans FC. Une fois installé dans le but, il n'a plus bougé, signant un paquet d'arrêts et permettant à son équipe de glaner de précieux points. Même s'il n'a pas pu endiguer à lui tout seul le flot de buts encaissés.
Devant, malgré un léger manque d'efficacité (cinq buts toutes compétitions), Bevic Moussiti-Oko a réalisé une saison pleine dans un poste de pivot axial ingrat, mais où il a démontré tout son talent dos au but et son impact physique avec un nombre impressionnant de duels remportés. Sur sa droite, Stéphane Diarra a confirmé ses qualités de vitesse et de dribble, même s'il a peiné à se montrer décisif, et termine avec seulement quatre buts et quatre passes (toutes compétitions).
Repositionné en une sorte de meneur de jeu, le milieu prêté par Metz, Youssef Maziz, a démontré une vista et une qualité de passe au-dessus de la moyenne, mais ses blessures à répétition ont gâché sa saison. Malgré un déchet technique important et peu de temps de jeu, Vincent Créhin a fait taire les critiques en terminant une nouvelle fois meilleur buteur du Mans (huit buts en L2). Patron de la plus mauvaise défensif de la ligue, Pierre Lemonnier a néanmoins prouvé qu'il avait largement le niveau de la Ligue 2. Enfin, dans des registres et des situations différentes, Jérémy Choplin et Guessouma Fofana ont apporté ce que l'on attendait d'eux : envie, expérience, qualité et sérénité.
Les montagnes russes de la fin de saison
Lorsque le conseil d'administration de la Ligue de football professionnel (LFP) met un terme à la saison le jeudi 30 avril, elle renvoie la question des montées et des descentes à l'assemblée générale du 20 mai. Pendant tout ce temps, Le Mans FC et Orléans font campagne pour une Ligue 2 à 22 clubs , qui intégrerait les promus de National, sans faire descendre les relégables. Trois semaines plus tard, contre toute attente et sur fond de gros désaccords à propos des droits télé, l'AG vote en faveur d'un élargissement de la Ligue 2 . Pendant sept jours, Le Mans FC est ainsi virtuellement sauvé de la relégation... Mais c'est finalement dans les arrêts de jeu que le "ComEx" (comité exécutif) de la Fédération française de Football aura le dernier mot, une semaine plus tard, en révoquant cette décision, qui renvoie Le Mans FC en National. Le ballon avait presque franchi la ligne de but, mais pas complètement.