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Mamadou Sakho (Montpellier) : "Je ne suis pas là pour rigoler"

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Alors qu'il est arrivé cet été à Montpellier et qu'il vient de disputer six matchs avec le MHSC, Mamadou Sakho s'est exprimé pour la première fois, ce vendredi, en conférence de presse, à la veille du déplacement à Monaco. Long et passionnant entretien avec l'ancien parisien.

Mmadou Sakho arbore toujours sa fameuse crête sur le haut du crâne Mmadou Sakho arbore toujours sa fameuse crête sur le haut du crâne
Mmadou Sakho arbore toujours sa fameuse crête sur le haut du crâne © Maxppp - Jean Michel Mart

Le visage de Mamadou Sakho peut apparaître aussi dur que doux, et susciter autant la crainte que l'attachement. S'il affiche souvent un large et beau sourire, accompagné de quelques éclats de rire, son regard peut aussi s'assombrir, lorsqu'il revient sur certaines douleurs du passé, ou quand le guerrier qu'il demeure évoque son travail et ses objectif élevés. 

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Au cours des vingt-cinq minutes d'une première conférence de presse avec la tunique du MHSC, ce vendredi, l**'ancien défenseur des Bleus a balayé de nombreux sujets** : son adaptation, son choix, ses nouveaux partenaires, ses ambitions, son aventure anglaise, ou encore sa famille. Et il nous l'a prouvé : contrairement à son parcours, sa détermination reste sans faille. 

Son retour à la compétition et son adaptation

Je suis content d'être arrivé ici, avec un bon groupe, très jeune et avec beaucoup de fougue et beaucoup de talent (...) Je me sens très bien physiquement. On a beaucoup travaillé, sur ma morphologie et sur mon corps. Espérons que ça continue pour donner le maximum à cette équipe (...) Je n'avais pas joué depuis janvier, les causes sont connues, quelques blessures, mais c'est une nouvelle page qui s'écrit, je me sens de mieux en mieux. 

Très humblement, je viens apporter ma pierre à l'édifice. Le "Mamad" qui était au PSG, à Liverpool, en équipe de France, c'est le même que celui qui est aujourd'hui dans le vestiaire à Montpellier. Je suis très déconneur, j'aime rigoler, je vais créer des "hand-check", vu qu'on peut désormais se serrer la main. Après, sur le terrain, je ne suis pas là pour rigoler. Le plus important, c'est l'état d'esprit, je sais que je suis connu pour ça. 

Le choix de Montpellier

C'est un club familial, un club de bonhommes, par rapport à la mentalité du papa et du fils. Ce sont des gens de parole. Je suis pareil. Quand je dis quelque chose, je le fais. C'est une mentalité qui me convient.

Le projet qui m'a été proposé, il m'a de suite parlé. Le fait de me rapprocher de ma mère, malade, a également joué. Je voulais aussi que mes enfants découvrent mon pays, leur pays, la France, parce qu'ils ont grandi en Angleterre. Je voulais qu'ils grandissent aussi avec cette culture française, qu'ils apprennent cette langue. J'ai échangé avec les dirigeants, Bruno Carotti a réussi à me séduire. J'ai eu le coach et le président au téléphone, assez rapidement 

J'ai conscience de faire une très très belle carrière : vu le chemin parcouru depuis mon enfance, je ne peux que être fier de moi. Ce n'est donc pas difficile de passer de la Premier League au MHSC, parce que quand on aime le foot, procurer du bonheur sur le terrain, le dépassement de soi, ce n'est pas difficile. Il faut simplement se mettre au boulot et kiffer, parce qu'on fait un métier vraiment exceptionnel. J'ai 31 ans, j'ai eu la chance de jouer dans énormément de stades, de côtoyer les meilleurs joueurs du monde. Le football, c'est un kiff. Il faut se faire plaisir. 

La famille

Tout le monde est très heureux. C'est un point qui a été important pour moi. Parce que quand tu fais des choix de carrière à 18 ans, c'est pas la même chose que quand tu en as 31. Il faut prendre en compte l'aspect familial. Il fallait une école, pour les enfant, où ils pouvaient continuer à travailler sur le cursus anglais. Ils sont très heureux, tout le monde se sent très bien. Et ma mère est contente de pouvoir me voir plus souvent. Quand tu quittes la maison familiale à l'âge de douze ans, que tu te retrouves au centre de formation, que tu ne rentres que le weekend, que tu prends ton premier appartement à l'âge de 16 ans, que tu es vite émancipé... la vie suit son cours, mais le temps passe et un jour, tu te rends compte qu'il faut aussi passer du temps en famille. Et quand tu peux combiner les deux, c'est génial. 

Le vestiaire et les jeunes 

Certains jeunes m'ont vouvoyé quand je suis arrivé, mais j'ai tout de suite cassé la barrière, parce que ce sont des collègues, des coéquipiers (...) Maxime Estève ? Un jeune très talentueux. Mais avant ça, un jeune à l'écoute, qui travaille beaucoup. Quand je suis arrivé, il m'a posé pas mal de questions. Je me retrouve en lui. Quand j'ai intégré le groupe pro, je posais des questions à Mario Yepes, à Sylvain Armand. Sur l'anticipation, le placement. Il a fait la même chose avec moi. Il faut qu'il continue sur ce chemin, mais je n'en doute pas : s'il continue, il fera une très bonne carrière. 

La Ligue 1

Elle est différente. Quand j'ai commencé, j'étais jeune. Tu jouais Lyon, c'était Benzema et Ben Arfa. Tu jouis Montpellier, c'était Giroux et Belhanda. Aujourd'hui, après huit ans, j'arrive en étant l'ancien, je découvre des talents. Le niveau reste très bien, on a un très bon championnat, on peut être fier. On a de très bons centres de formation. On fait partie des pays qui ont la chance d'avoir beaucoup de talents. On les exploite très bien. 

Si la Ligue 1 me manquait, parfois ? Vous savez, quand on joue dans le meilleur championnat du monde, en Angleterre, c'est un kif. On a des matchs exceptionnels tous les weekends, des stades full, des pelouses exceptionnelles, donc non, parce que moi je suis quelqu'un qui kiffe l'instant T. Quand j'étais au Paris-Saint-Germain, j'ai atteint tous mes objectifs, j'ai kiffé mon passage, mon lien est toujours aussi fort avec les supporters et le club. Liverpool, pareil, tout s'est très bien passé, malgré le petit "hic" sur le dopage, à la fin, qui a donné un petit tournant à ma carrière. Mais vu que je ne lâche jamais, je suis toujours là. Il faut être positif dans la vie, être joyeux, continuer, avancer, bosser, kiffer. 

Téji Savanier

Je lui ai dit : pour moi, c'est un gâchis, entre guillemets. Il aurait pu faire une meilleure carrière que ça, il aurait pu jouer dans des très, très grands clubs. Et c'est pas fini, d'ailleurs, il n'a que 29 ans. Il arrive à s'exprimer extraordinairement bien à Montpellier, et j'espère pour lui qu'il aura la chance de côtoyer d'autres championnats dans le futur. J'aimerais le garder avec moi, mais sincèrement, je pense qu'il mérite de découvrir un niveau plus élevé, pour qu'il progresse. C'est dommage qu'un talent comme ça n'ait pas encore joué la Ligue des Champions. Personnellement, je le mets dans mon top 10. 

Est-ce qu'il aurait sa place en équipe de France ? C'est au sélectionneur de décider, mais si j'étais dans le staff des Bleus, j'aurais un oeil sur lui. Aux JO, il a montré son talent. Je pense que c'est un joueur qui pourrait apporter son petit plus à la sélection. Je le pense sincèrement. Je me suis entraîné avec Coutinho et Suarez tous les jours, et je peux vous dire que c'est un sacré talent

L'équipe de France 

Si c'était pas dans un coin de ma tête, j'aurais arrêter ma carrière cet été. Ca reste toujours un objectif, et c'est ce qui m'aide à travailler. C'est ce qui me donne l'envie de bosser et de donner le meilleur. Quand on n'a pas de carotte ou d'objectif, ça ne sert plus à rien d'être sur un terrain de foot. Aujourd'hui, je suis à Montpellier. J'espère qu'on fera une très belle saison, elle n'a pas mal débuté. Je ne vais pas m'en cacher, je ne suis plus un enfant. J'ai 31 ans, pas 40. Je me sens en pleine forme. Je travaille en espérant reporter ce maillot bleu. 

Force de caractère et résilience

C'est un état d'esprit, quand on a une positive "vibes" qui nous motive tous les jours, quand on voit la vie du bon côté et qu'on pense toujours à avancer. J'ai eu cette éducation là, de ne jamais rien lâcher. Ma vie personnelle m'a aussi prouvé que quand on s'acharne et qu'on ne baisse pas les bras, on peut y arriver (...)Je pense aussi que le football est un vecteur de valeurs, et je pense que éduquer la jeunesse par le sport est quelque chose d'importante. On apprend le courage, le dépassement de soi, le respect des partenaires, l'abnégation. On côtoie aussi toutes les origines, avec le sport. Une équipe de Bretagne majoritairement blanche peut rencontrer une équipe de la région parisienne avec des maghrébins et des africains. Le sport fédère une société et c'est important que la jeunesse puisse être éduquée par le sport. 

Saison de transition ? 

J'ai rarement fait part de mes ambitions collectives, parce que les journalistes peuvent penser que c'est de la prétention et que Mamad s'enflamme. Moi, c'est vrai que je vise toujours haut, collectivement, mais je ne le partagerai pas. Après, année de transition, je ne sais pas. Il y a des mouvements dans tous les clubs, tous les ans. Je pense qu'on a un effectif jeune, talentueux, et il faut se concentrer sur ce qu'on a à faire. 

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