Bayonne-Biarritz : pas question d’union avant le derby, mais…
Le derby basque samedi soir à Aguiléra sent le souffre. Au-delà de l’enjeu sportif, se pose la question de l’Union entre les deux frères ennemis acculés par la réalité économique et politique. Selon les informations de France Bleu Pays Basque, une décision devrait rapidement intervenir

Le traditionnel derby basque samedi soir à Aguiléra sent le souffre ! Sera-t-il le dernier entre le BO et l’Aviron ? Les difficultés financières des deux clubs et les nouvelles tractations autour d’une union posent à nouveau la question. Comme l’ont révélé plusieurs médias il y a 2 semaines, des réunions ont bien eu lieu entre les dirigeants bayonnais et biarrots, et les maires des 2 villes à l’initiative de la réflexion. Alors dernier derby ? Rien est moins sûr.
Les élus à l'origine des discussions
A ce jour « il n’y a pas de discussion jusqu’au derby » répond Francis Salagoïty, le président du conseil de surveillance de l’Aviron. Ce match est capital, sportivement et financièrement, « pas question de se mettre le feu » renchérit Nicolas Brusque le président biarrot. Mais tous deux, joints par France Bleu Pays Basque, ne démentent pas les discussions.
Selon nos informations, ce sont les politiques – qui ont refusé de s’exprimer sur le sujet ces derniers jours malgré nos sollicitations – qui ont pris l’initiative afin de "prendre la température". L’agglomération Pays Basque vient en effet de voter l’intégration de la politique sportive parmi ses compétences. Elle doit décider de son contenu dans les prochains mois. Notamment si elle s’adjuge les infrastructures à venir.
L'Aviron attend le feu vert pour son centre à Bassussarry
Or les 2 clubs ont des projets en attente. En particulier l’Aviron Bayonnais qui rêve de rénover et agrandir son stade de Saint-Léon, mais a surtout dans les cartons un centre de la performance qui n’attend qu’à être porté sur les fonts baptismaux. Selon les informations de France Bleu Pays Basque, ce centre d’entrainement qui accueillerait également la formation serait construit à Bassussarry. Les financements sont trouvés. Il ne manque plus que le blanc-seing politique qui se fait désirer depuis déjà plusieurs mois.
L’Aviron et le BO doivent également faire face aux réalités économiques. Les affluences dans leurs stades sont en baisse et avec elles d'importantes ressources. Les finances des deux clubs ne sont pas reluisantes. Plusieurs sources parlent d’un déficit conséquent à Biarritz : 1.8 millions d’euros !
Les déficits des 2 clubs sans conséquence immédiate, assurent les dirigeants, mais...
« Quoi ? » s’étrangle Nicolas Brusque. Le président du BO dément catégoriquement nos informations. Mais il reconnait dans la foulée que son club enregistre un important déficit d’exploitation lié selon lui à l’augmentation de budget de 2 millions d’euros cette année. Pas d’inquiétude toutefois assure et rassure l’ancien arrière international. « On s’y attendait, on a anticipé » avec une nouvelle augmentation de capital « qui va être levée rapidement ».
Une augmentation de capital que les dirigeants bayonnais eux n’ont pas obtenu de leurs actionnaires quand ils l’ont sollicité en début de saison. L’Aviron a enregistré un déficit de 280.000€ lors du dernier exercice. Là encore pas d’inquiétude selon les dirigeants. Le trou a été comblé par les fonds propres du club. Sauf que désormais la marge de manœuvre est réduite à néant. Comme son voisin, le club ciel et blanc s’est donc trouvé dans l’incapacité de prendre un joker médical pour pallier les blessures.
Les maires oseront-ils l'Union à 2 ans des élections ?
Depuis quelque temps nombre d’actionnaires des deux clubs, parfois communs, sont favorables à une union. Actionnaires qui, selon nos informations, n'ont pas encore été mis au parfum des discussions en cours et de leur contenu. Et si quelques uns poussent en ce sens et l'aimeraient rapide, cela ne présage en rien d'un vote favorable, le cas échéant - l'AG des actionnaires des 2 SASP devront nécessairement donner leur aval - tant les antagonismes et les blessures consécutives à la dernière fusion avortée restent vives.
Autre écueil, la passion de beaucoup de supporters et de licenciés viscéralement opposés à toute union avec le voisin qu'ils aiment tant à détester. Des électeurs potentiels que les élus en place n’ont pas intérêt à se mettre à dos à 2 ans des élections municipales. Le temps politique joue contre l’urgence économique.
De toute façon, il est hors de question de faire un projet d’union en catimini, assurent les dirigeants bayonnais et biarrots qui se remettent à peine du psychodrame provoqué par le précédent épisode il y a deux ans et demi. Il faudra mettre tout le monde autour de la table. Mais c’est compliqué, ajoutent-ils, quand la moindre prise de contact filtre aussitôt dans les médias provoquant une levée de boucliers.
Décision pour l'avenir immédiat après le derby
L’éventuelle union, quelle que soit la forme qu’elle prendrait, ne semble donc pas pour tout de suite. Et là se pose une autre difficulté : comment conjuguer son calendrier avec le temps sportif ? Pour se concrétiser, le projet devra être annoncé suffisamment tôt. Mais annoncer dès cette saison une union pour 2019-2020 risquerait de troubler l’équité sportive si les 2 clubs évoluent dans le même championnat.
Dans tous les cas, si les discussions ne reprendront pas, assurent les dirigeants, d’ici au derby, la décision pour le court terme devrait être rapidement prise. Les clubs doivent préparer l’avenir, dessiner les contours des effectifs pour la saison prochaine. Or, selon nos informations, les négociations avec les agents sont bloquées jusqu’à la mi-février. Les joueurs eux veulent savoir et vite.