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Pro D2 - Biarritz / Bayonne : "Ca chambre, mais ce n'est que du rugby"
Le 110e Biarritz / Bayonne ouvre la 6e journée de Pro D2 ce jeudi 27 septembre. Il inaugure également le week-end de "derbys" concocté par la Ligue Nationale de Rugby. Logique, car même si la ferveur s'essouffle un peu, ce match là est à part et marque la saison des 2 clubs comme nulle part ailleurs

110 ! Ce sera le nombre de derbys joués entre Biarritz et Bayonne, et inversement, ce jeudi 27 septembre 2018 au soir, en ouverture de la 6e journée de Pro D2.
Le derby s'essouffle ?
Cela fait 110 ans également que Biarritz et Bayonne se disputent l'hégémonie rugbystique sur un territoire infime qui devient, le temps d'une semaine, le centre de la France ovale et son attraction télévisuelle.
Un âge canonique. Mais si la ferveur semble quelque peu s'assagir, si l'engouement a pris quelques rhumatismes chez les acteurs, ce derby reste LE derby.
Le chambrage fait partie de l'ADN
La distance entre les 2 stades (4,765 kms), unique dans le rugby professionnel français, la rivalité entre les 2 villes (la bourgeoise contre la populaire selon la légende), l'opposition des couleurs (rouges contre bleus), l'histoire parfois rocambolesque de ces matchs digne des romans de science-fiction, ne suffisent pas à l'expliquer.
Le derby basque, c'est d'abord le derby des supporters. Celui de Géronimo, l'Indien de Biarritz qui, bien que déchu de son titre de mascotte du BO au profit d'un pirate en mousse, continue de faire le tour du B.A.B. et de s'inviter, toute sirène hurlante, chez le voisin à la tunique bleue les veilles d'opposition.
Celui de l'avalanche de piques, moqueries et autres vannes qui déferlent tout au long de l'année entre supporters adverses, mais se trouvent décuplées les semaines de derbys tels un Mogwaï mouillé s'adonnant à un festin après minuit. C'est l'ADN du derby.
C'est du folklore, ça ne reste que du folklore. On se chambre mais ça ne reste que du rugby. Après, une bière et on chante ensemble - Yann Larre, président du groupe de supporters bayonnais Les Gars de l'Aviron (LGA)
Et les Bayonnais, pas toujours vainqueurs sur le pré, sont en revanche très forts à ce jeu là. Les anecdotes l'attestant ne manquent pas et continuent à se raconter l'oeil pétillant dans les chaumières bleues. Ce jeudi, la tradition sera une nouvelle fois respectée, même en terrain rouge.
Un tifo du Sud-Ouest
Mot d'ordre est donné aux supporters de l'Aviron devenir au stade avec la Une du journal Sud-Ouest, en référence aux démêlés de la direction du Biarritz Olympique avec la presse ces dernières semaines, pour en faire le tifo à l'entrée des joueurs.
Les Biarrots ne seront évidemment pas en reste, près à donner de la voix et à gonfler leurs poumons et leurs couleurs pour marquer leur territoire et pousser leurs joueurs vers une victoire nécessaire.
Gagner le derby plutôt qu'un titre ?
Car malheur au perdant dans ce pays où tout le monde se connait. Il doit raser les murs et essuyer les railleries adverses, jusqu'au prochain derby. Une partie des supporters va jusqu'à prétendre qu'il est plus important de gagner les derbys que le championnat. Pour les autres, ça se vaut.
Alors forcément, côté bayonnais "on attend ce derby avec une grande impatience, dit Yann Larre, le président des LGA. On a perdu nos deux derbys l'année dernière donc il faut qu'on gagne les deux cette année"
L'engouement se tarit chez les joueurs
En revanche cette impatience, cette effervescence se fait moins marquée au quotidien. Notamment au sein des deux équipes. Même si côté BO, l'entraineur en chef Jack Isaac, en fin connaisseur de l'opposition comme joueur puis technicien, refuse de la galvauder. Ses joueurs, à commencer par les nouveaux, sont d'ailleurs prévenus.
"Ce sont des matchs particuliers, il y a une ambiance particulière. Pour les supporters c'est quelque chose de spécial. On le joue à fond pour le gagner." - Jack Isaac, entraineur du Biarritz Olympique
C'est que le résultat du derby a souvent un impact sur les deux équipes dans les semaines qui suivent. La victoire dope son conquérant, la défaite déprime le vaincu. Pour Biarritz, actuel 10e du classement, s'imposer est donc primordial.
Côté bayonnais, 2e au classement, l'excitation semble avoir plus de mal à monter. Sans doute moins l'effet de la torpeur d'un été indien qui se prolonge que le résultat d'un discours d'exigence rodé de la part du manager Yannick Bru.
J'ai pas senti un engouement particulier autour de ce match, je n'ai pas senti de tension particulière non plus. On est assez strictes sur l'implication aux entrainements depuis le début, la semaine a été sérieuse mais j'ai les mêmes vibrations du groupe que d'habitude. - Yannick Bru, manager de l'Aviron Bayonnais.
Même son de cloche du côté des "anciens" et des joueurs du cru, même si eux connaissent l'importance de ce derby et de le gagner."Jouer contre Biarritz, pour les joueurs d'ici c'est... c'est les voisins, nos meilleurs ennemis, ça fait toujours plaisir de jouer une rencontre comme cela", avoue Julien Tisseron.
"Faire tomber l'invincibilité chez les Biarrots"
L'ailier formé au club rêve de mettre fin à la série de 28 matchs consécutifs sans défaites du Biarritz Olympique dans son stade Aguiléra depuis presque 2 ans : "Ce serait vraiment super de faire tomber cette invincibilité chez les Biarrots__, ça veut tout dire. On va tout faire pour."
Pas besoin de grands discours ou de grands actes pour motiver les troupes ce jeudi soir. Et si le suspens est souvent au rendez-vous ces dernières années, en revanche, côté spectacle c'est rarement le cas rappelle Jack Isaac. "J'ai vu beaucoup de derbys fermés, j'en ai vu plein. Est-ce que c'est parce qu'il y a trop de pression, qu'on s'en met trop ?"
Le derby peut-il rimer avec beau jeu ?
Pour Yannick Bru, en revanche, les deux équipes aiment produire du jeu, et comme il doit faire beau ce jeudi soir, il n'y a pas de raison selon lui à ce que la partie soit fermée et terne. Il s'attend au contraire à un match "intense mais libéré sur le plan du jeu."
Un beau combat également, en particulier devant. C'est du moins ce à quoi s'attend le néophyte bayonnais Luc Mousset. "Je pense que les supporters vont être bien chauds et entre joueurs aussi, je pense que ce sera assez tendu sur le terrain.__"