Formule 1 : Esteban Ocon revisite les moments forts de son année 2020
Esteban Ocon est passé par toutes les émotions dans cette année 2020 hors normes. Du trouble lors du confinement aux sueurs froides après l’accident de Romain Grosjean, mais en savourant aussi le bonheur d’un premier podium en formule 1. Flashback en trois dates. Avant d'aborder 2021 avec Alpine.
Les pilotes de formule 1 peuvent savourer quelques semaines de repos après une année 2020 en deux temps : d'abord une longue privation de sport sous le confinement puis une saison très dense avec dix-sept Grands Prix en un peu plus de cinq mois. Pour France Bleu, Esteban Ocon revient en trois dates, sur cette année hors du commun.
6 décembre : l’ivresse du premier podium
Évidemment le pilote Renault n’a pas besoin de remonter très loin dans le temps pour désigner son moment le plus délicieux de l’année : “Le premier podium, évidemment” sourit-il à l’évocation de sa deuxième place au Grand Prix de Sakhir. “J’en rêvais depuis que je suis tout petit. J’ai travaillé pour ça. Parvenir au plus haut niveau de mon sport, la F1, et monter sur ce podium” se remémore le pilote de 24 ans, qui a dû attendre son 66e départ en Grand Prix avant d’être invité à la plus enviée des cérémonies d’après-course.
Un podium toujours difficile à atteindre pour ceux qui ne pilotent pas dans les top teams. Ce jour-là, sa stratégie pneumatique et les aléas d’une course mouvementée l’ont propulsé à l’avant du peloton. Puis il a su maîtriser ses émotions comme ses adversaires dans les -interminables- vingts derniers tours. “Il ne fallait pas se rater. Stroll était à la porte du DRS et s’il rentrait sous la seconde, il allait lever son aileron et pouvoir m’attaquer. On se serait aussi fait rattraper par les autres derrière et on aurait perdu ce podium. Donc c’était méga important de faire des tours parfaits. Ne pas rater un freinage, ne jamais sortir large. Et c’était piégeux parce qu'il y avait du vent et la voiture n’était pas parfaite” rembobine Esteban Ocon, auteur ce jour-là du meilleur résultat de Renault en formule 1 depuis dix ans. “Ce n’est que dans le dernier tour, après le dernier gros freinage que je me suis dit ‘ça y est, on va le décrocher ce podium. Là j’ai enfin savouré. Les émotions sont sorties quand j’ai passé la ligne d'arrivée. J’ai même versé ma petite larme. Quelque chose que je ne fais jamais normalement !” confie le Normand.
Ce premier podium en carrière a aussi permis de donner du relief à la saison du pilote ébroïcien, dominé par son coéquipier Daniel Ricciardo. L’Australien a clairement retrouvé en 2020 sa pointe de vitesse de l’époque Red Bull, lorsqu’il avait battu Vettel et fait suer Verstappen. Esteban Ocon a progressivement réduit l’écart en qualification avant de finir l’exercice 2020 au niveau de son voisin de garage. “Je me suis toujours dit qu’en continuant à travailler ça allait venir. Il y avait aussi un peu d’impatience parce que j’ai eu de la malchance. Et ce podium est enfin arrivé” souligne l’ex champion de F3 (2014) puis GP3 (2015) sevré de succès depuis son parcours sans faute dans les formules de promotions.
A écouter : Esteban Ocon, les derniers tours sous pression au GP de Sahkir
13 mars : le Covid débarque brutalement dans le paddock
Une autre date de 2020 reste ancrée dans la mémoire d’Esteban Ocon : “le vendredi avant le Grand Prix d’Australie” se souvient le pilote Renault, qui s’apprêtait alors à faire son retour en formule 1 après un an d’absence. “Un choc quand j’ai reçu le message que la course allait être annulée parce qu’un de nos collègues chez McLaren était positif au Covid-19. On voyait que ça devenait sérieux dans le monde mais on se disait ‘c’est très loin de nous', de la F1. Et là, pas du tout en fait ! C’était très choquant d'être rapatrié aussi vite en France” se remémore le pilote, qui a vécu un interminable retour de Melbourne avec la sensation d’entrer dans un tunnel. “Dans toute ma carrière, je n’ai jamais vu une course de F1 annulée. Là, on avait beaucoup de questions. On ne savait pas quand le sport pourrait reprendre. On n’était pas prêt, il n’y avait aucun protocole face au virus”. C’est avec ces multiples doutes à l’esprit qu’il est retourné à Évreux pour y passer le confinement en famille.
La saison 2020 a finalement pris forme deux mois et demi plus tard, pour débuter avec un premier calendrier resserré de huit courses. “La FIA et la F1 ont fait un job incroyable. On était les premiers à reprendre dans le monde. Les règles misent en place ont fonctionné et on a fait dix-sept courses en quelques mois” se réjouit le pilote ébroïcien
A écouter : Esteban Ocon, le choc de l'annulation du début de saison puis la longue attente
29 novembre : le terrifiant accident de Romain Grosjean
Cette année 2020 restera aussi marquée par une image : la silhouette de Romain Grosjean sortant du brasier de sa monoplace pulvérisée contre un rail de sécurité à Bahreïn. Esteban Ocon a encore en tête un certain mal-être pendant la longue neutralisation de course. “Forcément pas facile de remonter dans la voiture après ça ! Surtout qu’on a vu et revu les images quand on attendait dans la pit-lane. Je me demandais comment allait Romain. J’entendais des choses ici et là mais je n’étais pas sûr de son état de santé” se remémore le pilote Renault, retourné en piste une heure trente plus tard, comme les autres pilotes, et classé neuvième d’une course qui n’avait plus vraiment de valeur aux yeux de tous.
Dès le lendemain, Ocon a eu pour principale préoccupation “d’aller rendre visite à Romain à l'hôpital. J’étais très heureux de le voir. Souriant, motivé et avec une attitude positive”. Mais l’accident a remis en lumière les dangers de ce sport où les voitures se frôlent et parfois se touchent à plus de 300 km/h pour doubler un adversaire. Le danger : un sujet évoqué avec ses proches ? “Non on en parle pas” confie Esteban Ocon. “On est évidemment au courant des risques. Ils sont toujours présents même si les voitures et les circuits sont de plus en plus sûrs. Le danger est toujours là. Malheureusement on a eu trop de rappels ces dernières années” indique le Normand, de la même génération qu’Anthoine Hubert, décédé en course en septembre 2019.
A écouter : Esteban Ocon, l'attente dans les stands après l'accident de Romain Grosjean
2021 : très fier de porter les couleurs d’Alpine - Esteban Ocon
La trêve hivernale sera courte avant une saison 2021 pour l’instant prévue comme ‘normale’, avec le traditionnel coup d'envoi en Australie le 21 mars prochain. Esteban Ocon restera dans la même équipe mais changera de couleur. Fini le jaune et noir de Renault Sport pour un (très probable) bleu de France estampillé Alpine. “C’est vraiment un plaisir de voir une si belle marque comme Alpine rentrer en formule 1. Je n’ai pas encore vu les couleurs mais je pense que ce sera quelque chose de très patriotique. Quand on est Normand, Dieppe c’est tout près et Alpine quelque chose de fort. Je serai très fier de porter ses couleurs l’année prochaine !” conclut le natif d’Évreux. La voiture sera le prolongement de la RS20 utilisée cette saison mais le changement de nom verra la marque normande intégrer officiellement la vitrine mondiale du sport automobile. Esteban Ocon sera accompagné d’un ancien double champion du monde de formule 1 : Fernando Alonso de retour après deux ans d’absence. Encore un redoutable coéquipier pour le Normand !
A écouter : Esteban Ocon, un Normand au volant d'une Alpine en F1